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Joe Biden en Angola : Une visite historique marquée par les enjeux géopolitiques et les ambitions économiques américaines en Afrique

Publié par RADIO TAN KONNON sur 4 Décembre 2024, 06:09am

Catégories : #AFRIQUE

LuandaDans ce qui constitue une étape historique et symbolique, le président américain Joe Biden a entamé une visite officielle en Angola, marquant ainsi le premier déplacement d’un chef d’État américain dans ce pays d’Afrique australe. Alors qu’il s’apprête à céder les rênes de la Maison Blanche à Donald Trump le 20 janvier prochain, cette visite de deux jours se veut une affirmation des ambitions renouvelées de Washington sur le continent africain, notamment face à l’omniprésence croissante de la Chine.

Joe Biden en Angola avec le Président angolais  President João Lourenço  - (Photo REUTERS-Elizabeth Frantz)
Joe Biden en Angola avec le Président angolais President João Lourenço - (Photo REUTERS-Elizabeth Frantz)

Une visite sous haute sécurité et à forte portée symbolique

Arrivé lundi soir à Luanda, Joe Biden a été accueilli dans un contexte de sécurité renforcée, avec deux jours fériés décrétés pour faciliter les déplacements de la délégation américaine. Les rues de la capitale, vidées de leur effervescence habituelle, étaient bordées de curieux perchés à leurs fenêtres, témoignant de l’importance de cet événement inédit.

Dans un geste empreint de solennité, le président Biden devait prononcer en fin de journée un discours au Musée national de l’esclavage, un lieu emblématique situé en périphérie de la capitale. Ce musée, ancienne propriété d’un marchand d’esclaves, conserve les traces douloureuses de l’histoire de l’Angola, qui fut un point central de la traite transatlantique des esclaves. Le XIXe siècle avait vu des milliers d’Angolais arrachés à leurs terres pour être déportés vers les Amériques.

Pour marquer cet engagement envers la préservation de la mémoire, les États-Unis ont annoncé un financement de plus de 200 000 dollars destiné à la restauration de ce site historique. Ce geste s’inscrit dans une démarche symbolique visant à reconnaître les traumatismes passés tout en renforçant les liens entre les deux nations.

Une rencontre marquante avec Wanda Tucker

L’une des séquences poignantes de cette visite a eu lieu lundi soir lorsque Joe Biden a brièvement rencontré Wanda Tucker, descendante de la première génération d’esclaves en Virginie, dont les ancêtres avaient été transportés d’Angola en 1619. Ce moment intime a mis en lumière la connexion historique entre l’Angola et les États-Unis, offrant une dimension humaine et personnelle à une visite avant tout stratégique.

Le projet du "couloir de Lobito" : Une réponse américaine à la présence chinoise

L’élément phare de ce voyage réside sans conteste dans la présentation du "couloir de Lobito", un ambitieux projet ferroviaire soutenu par les États-Unis et l’Union européenne. Ce projet stratégique, visant à relier les régions riches en ressources naturelles de la République démocratique du Congo, de la Zambie et de l’Angola au port de Lobito, est conçu pour transformer l’accès aux matières premières critiques telles que le cuivre et le cobalt.

Mercredi, Joe Biden se rendra dans la ville portuaire de Lobito, située à 500 km au sud de Luanda, pour rencontrer les dirigeants des pays impliqués dans ce projet. Cette visite symbolise l'engagement des États-Unis envers une approche collaborative du développement en Afrique, en contraste direct avec la stratégie chinoise souvent critiquée pour sa création de dettes insoutenables.

John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a qualifié ce projet de "révolution pour l'engagement américain en Afrique". Il a souligné que ce chantier constituait une tentative concrète de promouvoir la prospérité et la stabilité économique dans une région souvent marquée par des tensions.

L’ombre de la Chine sur la coopération bilatérale

La visite de Joe Biden intervient dans un contexte où l’Angola est fortement endetté envers la Chine, qui détient 40 % de sa dette, soit environ 17 milliards de dollars. Cette dépendance financière illustre l’emprise croissante de Pékin sur l’Afrique subsaharienne, où ses investissements massifs dans les infrastructures ont souvent suscité des inquiétudes quant aux pièges de la dette.

Face à ce défi, les États-Unis cherchent à offrir une alternative crédible. "Nous ne demandons pas aux pays de choisir entre les États-Unis et la Chine", a déclaré Kirby. "Nous voulons simplement proposer des projets fiables et transparents, qui ne laissent pas les nations dans une spirale de dettes".

Une visite entachée par des affaires internes

Bien que cette tournée africaine ait été pensée comme une démonstration des priorités américaines, elle intervient à un moment délicat pour Joe Biden. L’attention médiatique a été en partie détournée par sa décision de gracier son fils, Hunter Biden, impliqué dans des affaires de fraude fiscale et de détention illégale d’armes à feu. Cette volte-face a offert un angle d’attaque supplémentaire à ses adversaires républicains et pourrait nuire à la perception de sa visite en Angola comme un moment de politique étrangère transcendant les querelles internes.

Un pari pour l’avenir américain en Afrique
Pour Joe Biden, ce voyage représente bien plus qu’une tournée d’adieu. Il s’agit d’un dernier effort pour inscrire son administration dans une dynamique de réengagement envers l’Afrique, un continent souvent négligé par Washington ces dernières années.

Avec le projet du couloir de Lobito en fer de lance, cette visite symbolise une vision américaine de partenariat basée sur la coopération économique, la mémoire historique et le respect des souverainetés nationales. Si la réussite de ces initiatives ne sera jugée que sur le long terme, le président sortant espère que ses successeurs poursuivront cette trajectoire, renforçant ainsi le rôle des États-Unis en Afrique dans un monde multipolaire.

Un engagement renouvelé et une mémoire partagée, tels sont les legs que Joe Biden semble vouloir laisser dans les rues de Luanda, où les habitants ont accueilli sa visite avec une curiosité teintée d’espoir.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon

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