La France entame le retrait de ses troupes au Tchad : une page se tourne dans la coopération militaire franco-tchadienne

Dans un geste hautement symbolique qui signe la fin d’une ère de coopération militaire étroite entre la France et le Tchad, deux avions de combat Mirages ont quitté ce lundi 9 décembre 2024 la base militaire de N’Djamena pour rejoindre la base de Nancy, dans l’est de la France. Ce retrait marque la première étape d’une opération de désengagement progressif et définitif des forces françaises stationnées dans le pays, en réponse à une requête officielle des autorités tchadiennes formulée il y a un mois.

Tchad -Les militaires français

Un tournant historique dans les relations bilatérales

Le Tchad, qui accueillait près de 1 000 soldats français ainsi qu’un équipement militaire substantiel, a annoncé sa volonté de mettre fin à la présence militaire française sur son territoire dans le cadre d’une redéfinition de ses partenariats stratégiques. « Cette décision marque un tournant historique pour notre pays, nous permettant de réaffirmer notre souveraineté et de réévaluer nos priorités nationales », a déclaré un haut responsable tchadien.

Ce retrait s’inscrit dans un contexte plus large de repli de la présence militaire française en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Au cours des dernières années, la France a été invitée à retirer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, trois pays où la coopération militaire avait pourtant été longtemps considérée comme un pilier de la lutte contre le terrorisme.

Une départ progressif mais éminemment symbolique

À N’Djamena, les forces tchadiennes ont assisté aux premières heures de ce retrait, marqué par le départ des Mirages. Ces avions, emblématiques de l’appui aérien apporté par la France dans ses opérations contre les groupes armés dans la région, symbolisent à la fois la puissance militaire française et la fin d’une époque.

Le calendrier exact du désengagement complet reste à définir entre Paris et N’Djamena, mais les autorités tchadiennes ont déjà exprimé leur volonté d’accélérer le processus. « Ce retrait progressif doit se faire dans le respect des intérêts de nos deux nations, mais il représente également une opportunité pour le Tchad de renforcer ses capacités nationales », a affirmé un représentant du gouvernement tchadien.

La fin d’une présence militaire à la fois critiquée et défendue

Historiquement, la présence militaire française au Tchad était justifiée par la lutte contre le terrorisme et la stabilisation de la région sahélienne. Cependant, cette présence a suscité des critiques croissantes, perçue par certains comme une forme de néocolonialisme ou d’ingérence. Les manifestations populaires contre la France, observées dans plusieurs pays africains, ont illustré un sentiment d’exaspération à l’égard des anciennes puissances coloniales.

En revanche, d’autres observateurs soulignent que la fin de la coopération militaire avec la France pourrait créer un vide difficile à combler dans un contexte où les menaces terroristes restent présentes. Les capacités tchadiennes, bien que robustes, devront être renforcées pour garantir une sécurité durable sans l’appui français.

Quelles perspectives pour le Tchad ?

Pour le Tchad, cette nouvelle orientation ouvre la voie à une diversification de ses partenariats stratégiques. Le président Mahamat Idriss Déby Itno, qui avait été un allié de longue date de Paris, semble vouloir explorer d’autres horizons, notamment avec des acteurs comme la Russie, la Chine ou encore certains pays du Golfe.

Cette réorientation s’inscrit dans une dynamique plus large de revendication d’autonomie et de souveraineté économique et politique par les pays africains. Le Tchad, riche en ressources naturelles, devra cependant trouver un équilibre entre ces nouvelles alliances et la consolidation de sa stabilité interne.

Un désengagement français révélateur d’une évolution géopolitique

Pour la France, ce retrait marque une étape supplémentaire dans la redéfinition de sa politique africaine. Après les revers subis au Mali, au Burkina Faso et au Niger, Paris semble contraint de réévaluer sa stratégie et ses modalités d’engagement sur le continent.

« Nous respectons la décision souveraine du Tchad, mais nous restons disponibles pour accompagner le pays dans d’autres formes de coopération, notamment économique et culturelle », a déclaré une source diplomatique française.

En conclusion, le retrait des troupes françaises du Tchad représente bien plus qu’un simple transfert logistique. Il incarne un tournant dans les relations franco-africaines, un signal fort de la montée en puissance des revendications souverainistes sur le continent et une invitation à repenser les dynamiques de coopération internationale. Alors que les avions Mirages survolent pour la dernière fois le ciel de N’Djamena, une nouvelle étape commence pour le Tchad et pour l’Afrique tout entière.

Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon