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La Syrie post-Assad : un avenir sous le signe de l’instabilité et des rivalités géopolitiques

Publié par RADIO TAN KONNON sur 11 Décembre 2024, 17:29pm

Catégories : #ANALYSE

La chute du régime de Bachar al-Assad marque un tournant majeur dans l’histoire récente de la Syrie, mais loin de signifier l’amorce d’une ère de stabilité, elle inaugure une période d’incertitudes et de tensions exacerbées. Alors que le pays tente de se reconstruire après plus d’une décennie de guerre civile, experts et observateurs internationaux s’interrogent sur sa capacité à surmonter les divisions internes et les convoitises externes.

Bachar al-Assad
Bachar al-Assad

Une transition politique sous la menace

La domination actuelle de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) sur une grande partie du territoire syrien est au cœur des préoccupations. Ce groupe djihadiste, classé organisation terroriste par les États-Unis en 2012, revendique une rupture avec son idéologie passée liée à Al-Qaïda, mais ses actions sur le terrain sèment le doute. Selon Mary Ellen O'Connell, professeure de droit international à l’Université de Notre Dame, « HTS tente de se présenter comme une alternative modérée à Assad, mais ses antécédents et son recours à la torture contre ses opposants montrent qu’il ne peut être considéré comme une solution viable ».

Le groupe, autrefois marginal, s’est progressivement imposé comme une force dominante grâce à sa discipline militaire et à sa capacité à exploiter les failles du régime d’Assad. Cependant, cette montée en puissance n’est pas sans conséquences. La société syrienne, profondément divisée, peine à s’unir sous la bannière d’une force qui suscite autant de méfiance que d’opposition.

Israël : une opportunité dans le chaos

Au-delà des enjeux internes, la situation syrienne attire les regards et les ambitions de puissances étrangères. Israël, qui occupe depuis 1967 le plateau stratégique du Golan, semble prêt à profiter du vide laissé par la chute du régime pour étendre son contrôle territorial.

Pour la première fois depuis 1973, des chars israéliens ont franchi la ligne d’occupation, signe d’une volonté de consolider des positions face à un voisin affaibli. « C’est une stratégie risquée qui risque d’aggraver l’instabilité à long terme », avertit Mary Ellen O’Connell. Les groupes qui émergeront en Syrie, notamment ceux ayant une base idéologique forte, pourraient chercher à contester ces gains territoriaux, alimentant une spirale de violence dans une région déjà explosive.

Les États-Unis et la prudence stratégique

Sur la scène internationale, les réactions divergent face à la chute d’Assad. Alors que l’administration sortante de Joe Biden adoptait une approche mesurée, le président élu Donald Trump prône une prudence accrue, exhortant les États-Unis à se tenir à l’écart des conflits régionaux.

Cette posture marque un contraste frappant avec l’implication américaine dans les premières années du conflit syrien. Les interventions, notamment les frappes ciblées et le soutien aux forces kurdes, ont laissé une empreinte durable sur le terrain. Pourtant, en dépit de leur puissance, ces actions n’ont pas réussi à produire une issue claire, renforçant l’idée que la Syrie demeure un piège stratégique pour toute puissance étrangère cherchant à influencer son avenir.

Un Moyen-Orient sous tension

La chute du régime syrien s’inscrit dans un contexte régional déjà marqué par des tensions exacerbées. Le conflit israélo-palestinien, les rivalités entre Israël et l’Iran, ainsi que l’instabilité chronique au Liban créent un environnement propice aux affrontements.

Dans ce contexte, la Syrie pourrait devenir le théâtre d’une guerre par procuration, où diverses puissances, de la Turquie à la Russie en passant par l’Iran, chercheraient à asseoir leur influence. Cette dynamique, loin de favoriser la reconstruction, risque de perpétuer un état de guerre larvée, avec des conséquences désastreuses pour la population civile.

Les défis de la reconstruction

Pour les Syriens, l’avenir demeure incertain. La destruction massive des infrastructures, la crise économique et l’exode de millions de réfugiés compliquent toute tentative de redressement. Le pays est confronté à une tâche herculéenne : reconstruire non seulement ses villes et ses villages, mais aussi son tissu social, profondément fragmenté par des années de conflit.

La communauté internationale, divisée sur la manière d’aborder la situation, devra jouer un rôle clé pour éviter que la Syrie ne devienne un « État failli » à la merci de groupes armés et de puissances étrangères. Cependant, les rivalités géopolitiques et les intérêts divergents des acteurs régionaux rendent cette perspective incertaine.

Une transition à haut risque

La Syrie post-Assad est un terrain fertile pour l’instabilité. Entre les ambitions des groupes djihadistes, les convoitises territoriales d’Israël et les hésitations des puissances occidentales, le pays est confronté à une confluence de menaces qui compromettent ses chances de stabilité à court et moyen termes.

Pour Mary Ellen O'Connell, « le chemin vers une Syrie stable et pacifiée sera long et semé d’embûches ». Dans l’immédiat, les Syriens restent pris au piège d’un cycle de violence et d’incertitude, alors que le reste du monde regarde avec appréhension l’évolution de cette crise qui continue de redessiner les équilibres du Moyen-Orient.

Saidicus Leberger

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