Le mardi 10 décembre 2024 restera gravé dans l’histoire du Burkina Faso comme une étape décisive dans la valorisation des ressources naturelles nationales. Sous la présidence du Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, représentant le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, la capitale Ouagadougou a accueilli la cérémonie solennelle de remise des premiers lingots d’or issus du traitement du charbon fin de la mine d’or d’Essakane, précédemment abandonné au profit de l’État burkinabè. Cet événement illustre l’engagement des autorités de la Transition à exploiter localement les richesses minières et à promouvoir une expertise nationale qui s’impose comme un vecteur de développement durable et endogène.
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Une percée technologique historique
Lors de cette cérémonie, le Premier ministre a annoncé avec fierté les résultats impressionnants obtenus par la société GOLDEN HAND SA, première usine de traitement de résidus miniers au Burkina Faso et dans la sous-région ouest-africaine. Forte d’une technologie 100 % nationale développée par des ingénieurs burkinabè, cette entreprise a réussi à traiter environ 142,37 tonnes de charbon fin, soit près de 32,31 % de la cargaison totale. Ce traitement a permis la production de 44 lingots d’or d’une pureté exceptionnelle et d’un poids total de 93,197 kilogrammes, ainsi que 1,628 kilogramme de scories.
Cette première production sera destinée à alimenter la réserve nationale d’or, un pas stratégique vers le renforcement de l’indépendance économique du pays. Selon Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, ce succès traduit la volonté des autorités de favoriser un développement socio-économique fondé sur les compétences locales. « Le choix de l’État pour GOLDEN HAND SA n’est pas fortuit. Il révèle une vision ambitieuse d’utiliser l’expertise nationale comme moteur de création de richesse et de développement durable », a-t-il affirmé.
Un modèle unique de gouvernance et de partenariat public-privé
La société GOLDEN HAND SA se distingue par sa structure de gouvernance inclusive, avec une participation de l’État burkinabè à hauteur de 40 %, tandis que le secteur privé national détient 60 % des parts. Cette collaboration symbolise la capacité du pays à conjuguer volonté politique et initiative entrepreneuriale privée pour relever les défis économiques et industriels.
Le Premier ministre a également rappelé le rôle crucial du Gouvernement dans l’accompagnement de cette entreprise pionnière. « Plus jamais notre charbon fin ne sera exporté pour être traité à l’étranger. Il sera désormais valorisé par des Burkinabè, à l’aide de technologies nationales. C’est ainsi que nous consoliderons notre économie et garantirons un développement endogène, durable et profitable à tous », a martelé Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo.
L’épilogue de l’affaire « Charbon fin »
Cet accomplissement technologique et industriel trouve ses racines dans la résolution d’un différend d’envergure nationale. En décembre 2023, un accord transactionnel a été conclu entre l’État burkinabè et la société IAMGOLD ESSAKANE SA dans le cadre de l’« affaire Charbon fin ». Cet accord prévoyait, outre le paiement d’une amende de 9 milliards de francs CFA par IAMGOLD ESSAKANE SA, l’abandon au profit de l’État de plus de 440 tonnes de résidus miniers contenant du charbon fin.
Le 23 janvier 2024, le Président Ibrahim Traoré avait personnellement inauguré les activités de GOLDEN HAND SA, réaffirmant sa détermination à renforcer la souveraineté économique du Burkina Faso. Depuis lors, cette société est devenue un symbole de la capacité du pays à exploiter ses ressources de manière autonome et durable.
Vers une économie résiliente et souveraine
Cette première remise de lingots d’or marque une nouvelle ère pour le Burkina Faso, qui affirme sa volonté de contrôler l’ensemble de la chaîne de valeur de ses ressources naturelles. Ce modèle, basé sur la technologie locale et l’implication des compétences nationales, préfigure une économie plus résiliente, moins dépendante des influences étrangères, et davantage orientée vers un développement équitable et inclusif.
Pour le Premier ministre, cet exploit est une invitation à poursuivre dans cette voie. Il a appelé à une mobilisation collective pour consolider ces acquis et garantir que l’exploitation des ressources minières bénéficie en priorité au peuple burkinabè. « Le Burkina Faso démontre aujourd’hui qu’il est possible de transformer nos richesses localement, de façon responsable et profitable à tous », a-t-il conclu.
Avec cette avancée majeure, le Burkina Faso se positionne non seulement comme un acteur incontournable de l’industrie minière ouest-africaine, mais aussi comme un modèle de gestion souveraine et audacieuse de ses ressources naturelles.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon