Le tribunal ougandais de Kampala a annoncé, ce mardi 10 décembre 2024, le report au 7 janvier 2025 du procès très attendu de Kizza Besigye, figure emblématique de l’opposition politique en Ouganda. Ce report, imputé à l’absence d’autorisation pour son avocate principale de plaider, suscite à la fois des interrogations sur l’état de la justice ougandaise et des réactions internationales, notamment de la part des Nations unies et des organisations de défense des droits de l’homme.

Une audience cruciale repoussée
Médecin de formation, ancien colonel de l’armée ougandaise et adversaire récurrent du président Yoweri Museveni, Kizza Besigye devait comparaître pour répondre à des accusations de menace à la sécurité nationale. L’ajournement du procès représente un revers pour l’opposant, qui espérait une résolution rapide de son dossier. Ses avocats, tout comme ses partisans, ont exprimé leur frustration face à un délai jugé excessif.
Selon les informations disponibles, le report est lié à l’échec de son avocate principale à obtenir une autorisation de plaidoirie, une situation inhabituelle qui pourrait révéler des écueils administratifs ou des entraves intentionnelles. « C’est une stratégie claire pour ralentir le processus judiciaire et maintenir mon client dans une position de vulnérabilité », a déclaré l’un des membres de l’équipe juridique de Besigye.
Un Opposant Inlassable
Kizza Besigye n’est pas un nom nouveau sur la scène politique ougandaise. Ancien compagnon d’armes de Museveni durant la lutte contre le régime d’Idi Amin, il s’est converti en adversaire farouche du président qu’il accuse de dérives autoritaires et de corruption. Besigye a affronté Museveni lors des élections présidentielles de 2001, 2006, et plusieurs autres cycles, devenant un symbole de résistance face à un pouvoir qu’il estime établi de manière quasi monarchique.
En novembre dernier, Besigye a été arrêté au Kenya dans des circonstances troubles. Les autorités kenyanes auraient coopéré avec l’Ouganda pour organiser son extradition, une manœuvre qualifiée de violation des protocoles internationaux par des observateurs.
Préoccupations Internationales
Les Nations unies, via leur Haut-Commissariat aux droits de l’homme, ont exprimé leur préoccupation concernant les conditions d’arrestation et d’extradition de Besigye. Dans un communiqué, elles ont rappelé que toute procédure d’extradition devait respecter les droits fondamentaux des individus et être menée en toute transparence. Le rôle du Kenya dans cette affaire soulève des questions quant à son respect des engagements internationaux en matière de droits de l’homme.
Des organisations comme Amnesty International et Human Rights Watch ont également critiqué le traitement réservé à l’opposant. Elles redoutent que ce procès ne soit qu’une tentative de museler une voix dissidente dans un contexte où l’espace démocratique en Ouganda semble se rétrécir.
Les Enjeux d’un Procès Historique
Le report du procès de Kizza Besigye illustre les tensions persistantes entre une opposition déterminée et un pouvoir inflexible. Ce dossier ne concerne pas seulement un individu, mais reflète des enjeux plus vastes autour de la gouvernance, des libertés civiles et du respect des institutions en Ouganda.
La communauté internationale continuera de surveiller de près cette affaire, dans l’espoir que la justice soit rendue dans le respect des normes établies. Pour Besigye, la prochaine audience du 7 janvier représente une nouvelle étape dans un combat qui, pour ses partisans, transcende sa personne et symbolise la quête d’une Ouganda plus juste et démocratique.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon