Dans une note officielle datée du 25 novembre 2024, le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation (MATM) a émis une directive à l’intention des présidents des délégations spéciales (PDS). Ce communiqué, sobre mais ferme, vise à mettre un terme à une pratique devenue courante : les discours « kilométriques » et « fleuves » lors des cérémonies officielles.
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Dans ce rappel à l’ordre, le MATM insiste sur l’importance d’un langage précis, d’une communication brève et d’une réelle pertinence des interventions. Cet appel à la sobriété oratoire, bien que spécifique, s’inscrit dans un cadre plus large d’efficacité administrative et de respect des usagers et des invités.
Quand la longueur dessert la cérémonie
Le ministère, dans son communiqué, relève que de nombreux PDS, au cours des cérémonies dans leurs localités respectives, tendent à livrer des allocutions excessivement longues. Ces discours, souvent agrémentés de commentaires hors contexte ou de digressions inutiles, perturbent le déroulement des événements officiels et suscitent l’agacement des participants.
« Il m’a été donné de constater que, lors des cérémonies officielles, certains présidents de délégations spéciales prononcent des discours fleuves en lieu et place d’un mot de bienvenue », déplore le ministère dans sa note.
Ces discours disproportionnés, selon les termes employés par le MATM, « rallongent inutilement les cérémonies et indisposent l’assistance ». Une observation qui, bien qu’implicite, souligne la nécessité pour les acteurs institutionnels d’adopter une approche respectueuse des protocoles et des attentes des audiences.
Une directive claire et pratique
Face à cette situation, le MATM ne se contente pas de dénoncer, mais propose également une solution concrète et pragmatique. Les PDS sont désormais invités à limiter leurs interventions lors des cérémonies officielles à un cadre précis, articulé autour de quatre axes majeurs :
- Souhaiter la bienvenue aux invités : une introduction courtoise et chaleureuse pour mettre à l’aise les participants.
- Rappeler brièvement le contexte de la cérémonie : une mise en perspective succincte, axée sur l’objet et l’importance de l’événement.
- Inviter les populations à soutenir ou s’approprier l’activité, le cas échéant : un appel à l’engagement citoyen, dans le respect des priorités locales.
- Souhaiter un bon séjour aux invités : une conclusion bienveillante et empreinte d’hospitalité.
Cette structure vise à recentrer les interventions sur l’essentiel, évitant ainsi les digressions inutiles et les longueurs qui alourdissent le protocole.
Une initiative saluée, mais pas sans nuances
La directive du MATM a été largement accueillie comme une mesure salutaire, visant à renforcer le professionnalisme dans la gestion des événements publics. Pour de nombreux observateurs, elle reflète une volonté de rationaliser les pratiques administratives et de garantir un déroulement fluide des cérémonies officielles.
Cependant, certaines voix s’élèvent pour nuancer cet enthousiasme. Selon des responsables locaux, les discours, bien qu’excessifs dans certains cas, constituent parfois une opportunité pour les PDS de mettre en lumière des défis ou des réalisations spécifiques à leurs localités.
« Si nous nous limitons à des mots de bienvenue standards, comment attirer l’attention des autorités sur les enjeux locaux qui méritent une écoute attentive ? » interroge un président de délégation sous couvert d’anonymat.
Cette inquiétude met en lumière le défi d’un équilibre à trouver entre concision et pertinence.
Au-delà des mots : un enjeu d’efficacité et de modernité
Cette injonction à la brièveté s’inscrit dans une démarche plus large de modernisation et de professionnalisation des pratiques administratives. En rationalisant les discours, le MATM cherche non seulement à fluidifier les cérémonies officielles, mais aussi à promouvoir une communication institutionnelle qui respecte le temps et l’attention de l’auditoire.
Cette évolution s’aligne avec les exigences contemporaines d’une gouvernance efficace et proche des préoccupations des citoyens. Dans un contexte où les défis sécuritaires, économiques et sociaux requièrent des réponses rapides et concertées, chaque minute compte.
Un rappel à l’essentiel : la responsabilité des PDS
Le rôle des présidents de délégations spéciales dépasse le cadre des cérémonies officielles. Ces responsables, nommés dans le contexte de la transition, portent la mission délicate de gérer les affaires locales tout en préservant la cohésion sociale.
Le MATM, à travers cette directive, rappelle implicitement aux PDS l’importance de leur posture publique. Chaque prise de parole, aussi courte soit-elle, doit être porteuse de sens, d’efficacité et de respect envers les interlocuteurs, qu’ils soient officiels ou issus des communautés locales.
Vers une communication institutionnelle renouvelée
En conclusion, cette directive marque une étape importante dans l’évolution des pratiques administratives au Burkina Faso. Si elle peut sembler anecdotique au premier abord, elle reflète une volonté affirmée de rendre la communication institutionnelle plus concise, plus ciblée et plus respectueuse des attentes des citoyens.
Alors que le pays s’engage dans des réformes profondes pour relever les défis de la transition, des initiatives comme celle-ci rappellent que l’efficacité ne se joue pas seulement dans les grandes décisions, mais aussi dans les gestes quotidiens et les paroles prononcées.
Ainsi, en invitant les présidents de délégations spéciales à limiter leurs discours à l’essentiel, le MATM pose les jalons d’une gouvernance où chaque mot compte, où chaque intervention porte en elle la promesse d’un Burkina Faso plus fort, plus uni et plus respectueux des attentes de ses citoyens.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon