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RADIO TANKONNON

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Mali : Un plaidoyer vibrant pour des élections au cœur de la Transition

Publié par RADIO TAN KONNON sur 16 Décembre 2024, 06:57am

Catégories : #AFRIQUE

La Transition politique au Mali, amorcée après les événements tumultueux de 2020, continue de susciter des débats passionnés et divisés au sein de la classe politique. Alors que le pays s'enfonce dans une période de flottement institutionnel prolongé, une voix s'élève avec force et clarté pour exiger un retour à l'ordre constitutionnel : celle d'Alassane Abba, secrétaire général du parti CODEM (Convergence pour le Développement du Mali). Lors de la rencontre entre le Premier ministre, le Général Abdoulaye Maïga, et les partis politiques le 5 décembre dernier, cet homme politique au franc-parler caractéristique a fait preuve d'une rare audace en dénonçant l'immobilisme ambiant et en plaidant pour la tenue imminente des élections.

Rencontre entre le gouvernement et les partis politiques et la société civile à Bamako
Rencontre entre le gouvernement et les partis politiques et la société civile à Bamako

Une Transition qui s'éternise

Près de cinq années se sont écoulées depuis le début de la Transition malienne, marquée par des promesses de réformes profondes et la restauration d’un système démocratique stable. Pourtant, le pays est toujours en attente d’un véritable calendrier électoral. Cette situation alimente les tensions entre une partie de la classe politique, qui soutient les militaires au pouvoir, et une autre frange qui appelle au respect des engagements initiaux. Pour Alassane Abba, l’heure est venue de briser ce qu’il qualifie de « tabou » autour de l’organisation des élections.

« Il faut limiter, vous donnez un jour où les élections vont se tenir. Nous ne pouvons pas continuer avec des élections qui ne se tiendront jamais », a-t-il déclaré, sans détour, lors de cette rencontre stratégique. Ce rappel cinglant, adressé au gouvernement, reflète une impatience croissante parmi les citoyens et certains acteurs politiques face à une Transition dont les échéances paraissent sans cesse repoussées.

Un appel à la responsabilité et à la transparence

Dans un discours empreint de fermeté et de pragmatisme, Alassane Abba a insisté sur l’importance d’établir un chronogramme clair et réaliste pour la tenue des élections. « Donnez-nous un délai, quel que soit le délai au cours duquel vous pouvez faire le travail. Respectez le délai », a-t-il martelé, mettant en avant la nécessité d’une planification transparente pour éviter une perte de confiance accrue entre les dirigeants et les gouvernés.

Il a également dénoncé l’attitude de certains partis politiques qu’il accuse d’avoir renoncé à leur rôle premier de conquête et d’exercice du pouvoir. « Les partis politiques sont créés pour conquérir et exercer le pouvoir et non pour applaudir et accompagner les régimes comme des clubs de supporters sportifs », a-t-il souligné avec une pointe de sarcasme.

Une critique acerbe des pratiques actuelles

L’ancien député de Goundam n’a pas hésité à critiquer ouvertement certaines décisions controversées des autorités de la Transition, notamment le tirage au sort pour la désignation des membres du collège de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE). « Beaucoup de gens vous disent, nous sommes d’accord parce qu’ils ont peur. C’est ça la vérité. Sinon, pour beaucoup, ce n’est pas vrai ce qu’ils vous disent », a-t-il rappelé au Premier ministre, l’exhortant à se fier davantage à sa propre conscience qu’aux flatteries intéressées.

Ce n’est pas la première fois qu’Alassane Abba appelle à un retour à l’ordre constitutionnel. En avril dernier, lors d’une rencontre similaire avec l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, il avait déjà plaidé pour la fin de la Transition, une position qui s’inscrit dans la ligne directrice de la coalition Alliance du 31 mars, dont la CODEM est membre.

Une position courageuse mais minoritaire

Malgré la pertinence de ses arguments, Alassane Abba fait face à un mur de résistance. Une partie significative de la classe politique malienne, ainsi que les soutiens des militaires au pouvoir, estime que les priorités actuelles résident ailleurs. Pour ces derniers, il est crucial de créer des conditions optimales pour des élections véritablement inclusives et apaisées, même si cela implique un délai prolongé.

Cependant, cette approche suscite de nombreuses interrogations. Combien de temps faudra-t-il encore pour réunir ces fameuses conditions ? Dix ans ? Quinze ans ? Ces questions, posées avec une pointe de provocation par Alassane Abba, résonnent dans l’esprit de nombreux observateurs.

Entre espoir et incertitudes

La Transition au Mali est à un tournant critique. Si les autorités continuent de naviguer sans cap précis, le risque d’un enlisement durable est bien réel. Les propos d’Alassane Abba, bien que clivants, ont le mérite de remettre sur la table un sujet essentiel : la légitimité démocratique. Car au-delà des intérêts partisans, c’est l’avenir du Mali qui se joue dans ces tergiversations.

Pour l’heure, la question demeure : les autorités entendront-elles cet appel pressant à l’action, ou continueront-elles à temporiser, au risque de perdre le soutien d’une population de plus en plus impatiente ? Une chose est certaine : la voix d’Alassane Abba, courageuse et déterminée, continuera de porter dans un paysage politique où la franchise est trop souvent une denrée rare.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon 

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