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RADIO TANKONNON

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Mozambique : sous le choc du cyclone Chido, un pays endeuillé et délaissé

Publié par RADIO TAN KONNON sur 21 Décembre 2024, 17:22pm

Catégories : #AFRIQUE

Maputo – Depuis le passage du cyclone Chido, qui a dévasté les provinces de Nampula, Niassa et Cabo Delgado au nord du Mozambique, le pays tente tant bien que mal de relever la tête. Mais entre le deuil impossible des familles, l’ampleur des dégâts matériels, et une réponse humanitaire largement insuffisante, la désolation règne.

Mozambique sous le choc du cyclone Chido
Mozambique sous le choc du cyclone Chido

Un bilan humain qui s’aggrave chaque jour

Au quatrième jour après le passage du cyclone, l’Institut national de gestion des risques et catastrophes naturelles du Mozambique (INGC) fait état de 73 morts, 550 blessés et 180 000 sinistrés. Pourtant, ces chiffres, jugés largement sous-estimés par des sources humanitaires, reflètent l’incapacité des autorités à dresser un tableau fidèle des pertes humaines et des souffrances endurées par les populations locales.

Ce décalage, récurrent dans la gestion des crises humanitaires, soulève des interrogations sur les motivations des gouvernements à minimiser les bilans officiels. Manque de responsabilité ? Volonté d’éviter un scandale sur la gestion déficiente des catastrophes ? Ces hypothèses sont légitimes dans un pays qui, depuis des années, lutte contre une insécurité chronique, l’extrémisme violent et des failles structurelles dans ses institutions.

Une région frappée par la répétition des drames

Pour les habitants de ces régions, Chido n’est que le dernier chapitre d’une longue série de tragédies. En 2019, le cyclone Kenneth avait déjà ravagé Cabo Delgado, laissant des villages entiers en ruines et des milliers de personnes sans-abri.

Le passage de Chido rappelle cruellement que les leçons du passé n’ont pas été tirées. Les infrastructures restent insuffisantes pour résister aux assauts des éléments naturels, les dispositifs d’alerte précoce demeurent inexistants dans de nombreuses localités, et les mécanismes de réponse d’urgence sont trop souvent dépassés.

Une assistance humanitaire en deçà des besoins

Malgré l’urgence absolue, l’aide internationale arrive au compte-gouttes. Des organisations comme le Programme alimentaire mondial (PAM) et Médecins Sans Frontières (MSF) sont sur le terrain, mais leurs moyens ne suffisent pas à couvrir les besoins d’une population exsangue. Les autorités locales, débordées, peinent à coordonner les efforts et à assurer une distribution équitable des ressources.

Besoin immédiat d’abris, de nourriture et de soins médicaux : Les populations déplacées vivent dans des conditions précaires, sans accès à de l’eau potable ou à des soins de base.

Les hôpitaux, eux-mêmes endommagés par le cyclone, manquent de médicaments essentiels pour soigner les blessés et prévenir la propagation de maladies telles que le choléra ou la malaria.

Une communauté internationale aux abonnés absents

Dans ce contexte de désastre humanitaire, le silence assourdissant de la communauté internationale est une double peine pour le Mozambique. Alors que les regards du monde sont tournés vers des zones de conflit comme Gaza, l’Ukraine ou encore le Liban, le Mozambique semble relégué au rang de priorité secondaire.

Cette situation met en lumière les inégalités flagrantes dans la répartition de l’aide humanitaire mondiale.

Les catastrophes naturelles dans des pays considérés comme géopolitiquement stratégiques bénéficient souvent d’une attention immédiate et massive, tandis que d’autres, comme le Mozambique, peinent à mobiliser des fonds suffisants.

Le cri d’abandon des populations

Dans les villages et les camps de fortune, les témoignages recueillis font état d’un sentiment profond d’abandon. « Nous avons tout perdu, nos maisons, nos récoltes. Nous n’avons même pas de quoi enterrer nos morts dignement, » déplore un habitant de Nampula.

Les familles sinistrées, confrontées à des pertes inimaginables, n’ont pas le luxe de faire leur deuil. Entre les chiffres officiels, largement sous-évalués, et la réalité sur le terrain, la douleur des survivants est amplifiée par une invisibilisation des tragédies individuelles.

Une gouvernance face à ses responsabilités

Si les catastrophes naturelles sont imprévisibles, leur impact, lui, peut être atténué grâce à une préparation adéquate et à une gouvernance proactive. Le Mozambique doit impérativement revoir ses priorités en matière de prévention des risques.

Cela inclut la construction d’infrastructures résistantes, le développement de systèmes d’alerte précoce et la sensibilisation des populations aux gestes qui sauvent.

Pour l’heure, les autorités mozambicaines ont le devoir moral et politique de répondre aux besoins des sinistrés.

Cela commence par une transparence totale sur le bilan réel de la catastrophe, suivie d’une mobilisation effective des ressources nationales et internationales.

Une résilience mise à l’épreuve

En dépit de ces défis colossaux, le peuple mozambicain fait preuve d’une résilience admirable. Des initiatives communautaires émergent pour venir en aide aux plus démunis, tandis que des volontaires locaux s’organisent pour fournir de la nourriture, des vêtements et des abris temporaires.

Mais cette solidarité ne saurait suffire à combler les carences d’un système fragilisé. Pour espérer un avenir plus serein, le Mozambique devra non seulement panser ses plaies, mais aussi tirer des leçons de cette tragédie pour mieux se préparer aux épreuves à venir.

Conclusion

Le cyclone Chido, avec son cortège de morts, de destruction et de souffrance, met une fois de plus le Mozambique à genoux. Mais cette catastrophe naturelle doit également servir de signal d’alarme, tant pour les autorités nationales que pour la communauté internationale. Si rien n’est fait pour briser le cycle de l’indifférence et de l’impréparation, les mêmes drames continueront de se répéter, emportant à chaque fois leur lot de vies innocentes.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon 

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