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RADIO TANKONNON

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Nord du Bénin : l’insécurité grandissante face à la menace jihadiste

Publié par RADIO TAN KONNON sur 12 Décembre 2024, 08:22am

Catégories : #AFRIQUE

Le parc de la Pendjari, joyau naturel niché au nord-ouest du Bénin et célèbre pour sa faune exceptionnelle, a une fois de plus été le théâtre d’une tragédie. Lundi, lors d’une patrouille de l’opération « Mirador », un véhicule militaire a sauté sur une mine, coûtant la vie à trois soldats béninois. Ce nouvel incident, qui s’ajoute à une série d’attaques attribuées à des groupes jihadistes opérant dans la région, met en lumière l’intensification d’une insécurité alarmante dans le nord du pays.

Parc national de la Pendjari - (Photo-Wikimedia Commons)
Parc national de la Pendjari - (Photo-Wikimedia Commons)

Un drame en zone sensible

Selon un officier de l’opération « Mirador », la patrouille s’est retrouvée piégée dans le parc de la Pendjari, un territoire devenu hautement vulnérable en raison de la présence de groupes armés. « Trois des nôtres ont perdu la vie. Leur véhicule a sauté sur une mine. On ne peut en dire plus pour le moment », a confié l’officier sous couvert d’anonymat.

Un haut responsable militaire a confirmé que l’incident avait également fait plusieurs blessés graves. Malgré la gravité de la situation, les autorités béninoises n’ont pas encore publié de bilan officiel. Ce silence est symptomatique de la discrétion dont elles font preuve depuis plusieurs années sur les questions de sécurité au nord du pays.

Une zone sous tension constante

Le nord du Bénin, frontalier du Burkina Faso, est confronté depuis 2021 à une montée en puissance des incursions jihadistes. Ces attaques, menées par des combattants affiliés à des groupes tels que l’État islamique (EI) ou Al-Qaïda, témoignent de l’élargissement de la menace terroriste dans l’Afrique de l’Ouest.

Le parc de la Pendjari, qui s’étend sur plus de 4 700 km², illustre cette vulnérabilité. Déjà en juin dernier, une attaque similaire avait coûté la vie à sept soldats béninois. Quelques jours avant cet incident, le 3 décembre, trois militaires avaient été tués à Malanville, une localité située à la frontière avec le Niger, dans une embuscade tendue par des hommes armés non identifiés.

Les autorités attribuent ces incursions à des jihadistes opérant depuis les pays voisins, notamment le Burkina Faso, où des insurrections armées gagnent en intensité depuis 2015.

Opération « Mirador » : un rempart fragile

Pour contrer cette menace croissante, le Bénin a déployé en janvier 2022 près de 3 000 soldats dans le cadre de l’opération « Mirador ». Cette initiative vise à sécuriser les frontières nord du pays, notamment dans les zones sensibles comme les parcs de la Pendjari et du W, où la porosité des frontières facilite les incursions jihadistes.

En complément, les autorités béninoises ont recruté 5 000 soldats supplémentaires pour renforcer les capacités de l’armée. Cependant, malgré ces efforts, les attaques se multiplient, mettant en lumière les limites opérationnelles des forces de défense.

Le lieutenant-colonel Assanou Idrissou, expert en stratégie militaire, estime que le défi est avant tout logistique : « La lutte contre le jihadisme nécessite un équipement sophistiqué, une meilleure coordination régionale et une connaissance fine des dynamiques locales. Le Bénin progresse, mais les moyens déployés restent en deçà des besoins. »

Une coopération internationale en renfort

Face à la menace, la communauté internationale a intensifié son soutien au Bénin. En avril 2023, l’Union européenne a annoncé une aide de 47 millions d’euros, destinée notamment à l’achat d’équipements militaires et à la formation des forces béninoises.

Cette coopération s’inscrit dans une stratégie régionale plus large. Les pays voisins du Bénin, comme le Ghana et le Togo, font également face à une montée des attaques jihadistes. En mai 2023, les dirigeants ouest-africains ont convenu de renforcer la coordination de leurs forces de sécurité et d’intensifier les échanges d’informations pour contrer la menace transfrontalière.

Des populations prises au piège

Au-delà des militaires, ce sont les populations civiles du nord du Bénin qui paient le prix fort de cette insécurité. Entre peur des attaques, déplacements forcés et précarité accrue, les habitants des zones frontalières vivent sous une pression constante.

Pour Abdoulaye Kpéto, un agriculteur de la région de Natitingou, « la peur est permanente. On ne sait jamais quand ils vont frapper. Nos terres sont abandonnées, et nos enfants ne vont plus à l’école. »

Les autorités béninoises, conscientes de ces impacts, tentent de rassurer. Le ministre de la Défense, Fortunet Zinsou, a récemment affirmé que « toutes les mesures sont prises pour protéger les populations et assurer le retour à une paix durable dans le nord. »

Un défi régional complexe

L’expansion du jihadisme au nord du Bénin illustre une problématique régionale plus vaste. L’Afrique de l’Ouest est aujourd’hui l’épicentre d’une insécurité qui ne cesse de se propager, des zones sahéliennes aux pays côtiers.

Selon les analystes, cette dynamique s’explique par plusieurs facteurs : pauvreté chronique, marginalisation des zones rurales, faiblesse institutionnelle et, surtout, une porosité des frontières exploitée par les groupes armés.

Vers une stratégie de résilience

Alors que les attaques se multiplient, le Bénin devra adopter une approche intégrée pour répondre aux défis sécuritaires. Cela passe par un renforcement de ses capacités militaires, mais aussi par une meilleure inclusion des populations locales, souvent négligées dans les stratégies de défense.

Le parc de la Pendjari, autrefois symbole de biodiversité et de tourisme, est aujourd’hui un lieu marqué par la violence. Pourtant, il pourrait redevenir un espace de vie et de prospérité si les efforts conjugués du gouvernement et de la communauté internationale parviennent à neutraliser la menace jihadiste.

Le drame survenu lundi rappelle cruellement l’urgence de la situation. Pour le Bénin, c’est un combat pour sa sécurité, sa souveraineté et, surtout, l’avenir de ses populations les plus vulnérables.

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