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RADIO TANKONNON

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Présidentielle au Ghana : enjeux et perspectives d’une élection sous haute surveillance démocratique

Publié par RADIO TAN KONNON sur 6 Décembre 2024, 10:04am

Catégories : #AFRIQUE

Le Ghana, bastion de la démocratie en Afrique de l’Ouest, s’apprête à écrire un nouveau chapitre de son histoire politique. Ce 7 décembre, plus de 18,7 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire leur futur président parmi 13 candidats et renouveler les 276 sièges parlementaires de la nouvelle législature. Sur fond de défis économiques pressants et de promesses de réforme, cette élection est scrutée avec attention par la communauté internationale, qui voit dans le Ghana un modèle de stabilité démocratique dans une région souvent marquée par des transitions chaotiques.

Un panneau de campagne de John Dramani Mahama (Photo Julius Mortsi-SIPA)
Un panneau de campagne de John Dramani Mahama (Photo Julius Mortsi-SIPA)

Un scrutin sous l’égide de la paix et de la transparence

La campagne électorale, marquée par une stricte surveillance sécuritaire, s’est déroulée sans incidents majeurs, confirmant la réputation du Ghana en matière de gestion pacifique des processus électoraux. L’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, président du Forum des anciens chefs d’État d’Afrique de l’Ouest, a salué cette atmosphère sereine tout en appelant les Ghanéens à consolider leur héritage démocratique.

« Nous aspirons à ce que le Ghana tienne des élections exemplaires, renforçant son statut de modèle démocratique en Afrique. Il est crucial que le pays préserve cette réputation en assurant un processus électoral pacifique, transparent et crédible », a-t-il déclaré.

Cette exhortation reflète une attente partagée à l’échelle régionale et internationale. Dans un contexte où plusieurs pays voisins ont connu des revers démocratiques récents, le Ghana, par sa stabilité, demeure une source d’inspiration.

Deux favoris au coude à coude : Bawumia et Mahama

Malgré le nombre élevé de candidats, la présidentielle se jouera essentiellement entre deux figures emblématiques du paysage politique ghanéen : le Dr Mahamudu Bawumia, actuel vice-président représentant le Nouveau Parti Patriotique (NPP), et John Dramani Mahama, ancien président et figure de proue du Congrès Démocratique National (NDC).

Mahamudu Bawumia : le champion de la continuité

Candidat du NPP, au pouvoir depuis 2017 sous la présidence de Nana Akufo-Addo, Dr Mahamudu Bawumia s’appuie sur son expérience en tant que vice-président pour promettre une continuité des politiques économiques engagées. Économiste de renom, il s’est positionné comme un fervent défenseur de la numérisation de l’administration publique et de l’innovation technologique pour moderniser l’économie ghanéenne.

Son programme met l’accent sur la réduction du chômage des jeunes, la consolidation des infrastructures et la poursuite des investissements dans le secteur énergétique. Cependant, Bawumia doit également répondre aux critiques concernant la gestion de l’endettement du pays et les difficultés économiques actuelles, exacerbées par des crises mondiales.

John Mahama : le retour du leader réformateur

De son côté, John Dramani Mahama, qui aspire à retrouver les rênes du pouvoir après son mandat (2012-2017), se présente comme l’homme du renouveau. Faisant campagne sur le thème de la justice sociale et de la transparence, il promet de mettre en œuvre des réformes audacieuses pour réduire la corruption et améliorer la gouvernance.

Mahama a également promis d’investir massivement dans l’éducation et la santé, tout en adoptant des politiques inclusives pour renforcer le tissu social du pays. Son retour est perçu comme une tentative de réévaluer son bilan présidentiel, marqué par des infrastructures majeures, mais aussi par des scandales de corruption qui ont entaché son administration.

Des défis économiques au cœur du débat

L’économie ghanéenne, autrefois saluée comme l’une des plus dynamiques du continent, traverse une période difficile. L’inflation galopante, le niveau élevé de la dette publique et les impacts de la pandémie de COVID-19 ont mis à rude épreuve la résilience du pays.

Pour les électeurs, les promesses de réforme économique et de lutte contre la corruption figurent en tête des priorités. Les deux principaux candidats ont proposé des solutions variées pour relever ces défis.

Vers une économie circulaire

Bawumia et Mahama convergent sur la nécessité de promouvoir une économie circulaire, axée sur le développement durable et la gestion efficace des ressources. Cette approche vise à réduire les déchets, à encourager le recyclage et à stimuler les secteurs agricoles et industriels tout en respectant l’environnement.

Corruption et gouvernance

La lutte contre la corruption reste un point de friction entre les deux camps. Alors que Bawumia promet de poursuivre les initiatives anti-corruption de l’actuel gouvernement, Mahama propose des mécanismes plus robustes pour responsabiliser les fonctionnaires et garantir une transparence totale dans la gestion des fonds publics.

Un enjeu parlementaire décisif

Au-delà de la présidentielle, les Ghanéens devront élire les 276 députés qui composeront la nouvelle législature. Ces élections législatives revêtent une importance particulière, car elles détermineront la capacité du futur président à mettre en œuvre son programme.

Le parlement sortant, marqué par une quasi-parité entre le NPP et le NDC, a souvent été le théâtre de débats animés, reflétant la vivacité de la démocratie ghanéenne. Les électeurs auront donc à cœur de choisir des représentants capables de défendre leurs intérêts tout en assurant un équilibre institutionnel.

Les défis d’une démocratie exemplaire

Bien que le Ghana soit salué pour sa stabilité, des défis subsistent. La participation électorale, qui a chuté lors des scrutins précédents, constitue une préoccupation majeure. Les observateurs internationaux exhortent les autorités à redoubler d’efforts pour encourager une forte mobilisation, notamment parmi les jeunes et les femmes.

De plus, les tensions ethniques et régionales, bien que limitées, nécessitent une vigilance accrue pour prévenir tout débordement. La Commission électorale du Ghana, forte de son expérience, a mis en place des mécanismes robustes pour garantir la transparence et l’équité du processus.

Un moment décisif pour le Ghana

Alors que les électeurs se préparent à voter, l’enjeu dépasse les frontières nationales. Ce scrutin incarne l’espoir de voir la démocratie s’affermir en Afrique de l’Ouest, dans un contexte où plusieurs pays voisins traversent des périodes de transition politique difficiles.

Pour les Ghanéens, ces élections représentent une opportunité de choisir un avenir en phase avec leurs aspirations. Qu’il s’agisse de consolider les acquis économiques, de lutter contre la corruption ou de renforcer la cohésion sociale, les défis sont nombreux. Mais comme le rappelle Goodluck Jonathan, « le Ghana a toujours été à la hauteur des attentes ».

Le 7 décembre, les urnes parleront, et le Ghana prouvera, une fois de plus, que la démocratie africaine peut être une source de fierté et d’inspiration.

Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon 

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