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RADIO TANKONNON

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Réduction de la mortalité maternelle et périnatale : le CHU de Bogodogo en première ligne avec un audit inédit

Publié par RADIO TAN KONNON sur 5 Décembre 2024, 06:34am

Catégories : #SANTE

Le Centre hospitalier universitaire de Bogodogo (CHU-B), l’un des établissements sanitaires de référence au Burkina Faso, s’est engagé dans une démarche ambitieuse et salutaire : mener un audit approfondi des décès maternels et périnatals dans le but de réduire la mortalité des femmes en couches et celle des nouveau-nés. Cette initiative, annoncée par son Directeur général Seydou Nombré, lors d’une séance de restitution des résultats préliminaires, marque une étape cruciale dans la lutte contre un fléau qui continue de fragiliser les systèmes de santé à travers le pays.

Le Centre hospitalier universitaire de Bogodogo (CHU- B)
Le Centre hospitalier universitaire de Bogodogo (CHU- B)

Un audit pour sauver des vies : la genèse du projet

L’objectif principal de cet audit est clair : améliorer la prise en charge des femmes enceintes, des accouchées et de leurs nouveau-nés au CHU-B. « Nous voulons tirer des leçons des tragédies passées pour bâtir un avenir où chaque femme pourra donner la vie sans craindre pour la sienne », a déclaré Seydou Nombré.

Ce projet s’inscrit dans un cadre plus large de renforcement des capacités des structures sanitaires burkinabè. Selon M. Nombré, les échanges et discussions nourris autour de cet audit doivent déboucher sur des recommandations concrètes et applicables immédiatement. Ces recommandations viseront à pallier les insuffisances et à renforcer la qualité des soins obstétricaux et néonataux dans cet établissement déjà en première ligne des défis sanitaires du pays.

Un exercice institutionnalisé au service de la santé publique

Le gynécologue Pr Charlemagne Ouédraogo, intervenant lors de cette séance, a salué l’institutionnalisation de l’audit des décès maternels et périnatals au niveau national. « C’est un exercice obligatoire pour les services de référence », a-t-il rappelé, soulignant que cette initiative s’inscrit dans la droite ligne d’un arrêté ministériel visant à instaurer ce type d’audit dans l’ensemble des centres de santé de référence du pays.

Pour le Pr Ouédraogo, cet audit est aussi une opportunité de réaffirmer l’engagement du CHU-B à demeurer un leader en matière de santé maternelle et néonatale.

« En analysant des cas concrets et en adoptant une approche scientifique, nous renforçons notre capacité à prévenir des décès évitables et à améliorer nos performances. »

Le CHU-B : une institution au cœur de la santé maternelle au Burkina Faso

Le CHU-B, avec ses 13 000 accouchements annuels dont près de 6 000 réalisés par césarienne, est une pierre angulaire de la politique de santé maternelle au Burkina Faso. Depuis 2016, le pays a mis en place une politique de gratuité des soins obstétricaux et néonatals, qui a contribué à attirer un nombre croissant de patientes vers cet établissement.

Cependant, cette popularité a un revers : un taux d’occupation alarmant de 130 %, selon les statistiques rapportées par le Pr Ouédraogo. « Des patientes se retrouvent parfois sans lits, contraintes de s’allonger à même le sol dans les couloirs », a-t-il déploré. Cette situation, bien qu’indicative de la confiance des populations dans la qualité des soins, soulève des défis logistiques majeurs auxquels le CHU-B doit faire face.

Les défis de la mortalité maternelle et périnatale au Burkina Faso

La lutte contre la mortalité maternelle et néonatale reste une priorité nationale pour le Burkina Faso. Selon les estimations, le pays ambitionne de réduire le taux de mortalité maternelle à moins de 70 pour 100 000 naissances vivantes d’ici 2030, conformément aux objectifs fixés par les Nations unies.

Si les efforts réalisés depuis une décennie, notamment à travers la gratuité des soins, ont permis des avancées significatives, des défis subsistent :

  • Insuffisance d’infrastructures : La surcharge des structures comme le CHU-B met en lumière la nécessité d’un renforcement des infrastructures hospitalières.
  • Manque de personnel qualifié : Bien que des progrès aient été réalisés, le ratio personnel de santé/patientes reste insuffisant pour répondre à la demande croissante.
  • Formation continue et équipements : L’audit a également révélé des besoins en formation pour le personnel et en équipement de pointe pour améliorer la qualité des soins.

Des recommandations pour l’avenir

Les résultats de l’audit ont permis de dégager des recommandations claires pour améliorer la prise en charge des femmes enceintes et des nouveau-nés. Ces recommandations incluent :

  • La formation renforcée des équipes médicales, notamment sur la gestion des complications obstétricales et néonatales.
  • L’amélioration des infrastructures pour répondre à la demande croissante et réduire la surcharge des services.
  • L’optimisation des protocoles de soins, avec une attention particulière aux urgences obstétricales.
  • La sensibilisation des patientes, pour favoriser un suivi prénatal régulier et prévenir les complications évitables.

Un espoir pour les années à venir

Avec cet audit, le CHU-B montre l’exemple d’une gestion proactive des défis sanitaires. En tirant parti des enseignements des décès passés, l’établissement s’inscrit dans une dynamique de progrès, tout en restant fidèle à sa mission fondamentale : sauver des vies.

Pour le Pr Ouédraogo, ces efforts conjugués pourraient permettre au Burkina Faso d’atteindre son objectif de 2030 en matière de réduction de la mortalité maternelle.

« Avec de telles initiatives et un engagement sans faille, nous sommes en mesure de bâtir un système de santé où donner la vie n’est plus synonyme de risque de mort. »

Le CHU-B, par cet audit, redéfinit son rôle comme un acteur clé dans la lutte contre la mortalité maternelle et néonatale, offrant une lueur d’espoir à des milliers de femmes burkinabè.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon 

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