Dans un moment empreint d’une symbolique forte pour la région du Somaliland, Abdirahman Mohamed Abdullahi, ancien chef de l’opposition, a prêté serment jeudi 12 décembre 2024, devenant ainsi le sixième président de cette région sécessionniste de la Somalie. Élue il y a un mois lors d’un scrutin salué pour son calme et sa transparence, cette figure politique chevronnée succède à Muse Bihi Abdi, dans un contexte de défis nationaux et régionaux cruciaux.
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La cérémonie d'investiture, tenue à Hargeisa, capitale du Somaliland, a réuni de nombreuses personnalités locales et des représentants de la communauté internationale, malgré le non-reconnaissance officielle du Somaliland en tant qu’État indépendant par les Nations unies, l'Union africaine ou tout autre pays.
Un tournant historique pour le Somaliland
L’arrivée d’Abdirahman Mohamed Abdullahi à la tête du Somaliland marque un moment décisif dans la quête de reconnaissance internationale de cette région. Séparée de facto de la Somalie depuis 1991, à la suite de la chute du régime de Mohamed Siad Barre, le Somaliland revendique son indépendance sur la base de distinctions historiques, politiques et culturelles. Cependant, cette revendication n’a toujours pas été validée sur la scène internationale.
Dans son discours inaugural, le président Abdullahi a fait preuve d'une détermination sans faille, mettant en avant la nécessité d’intensifier les efforts diplomatiques pour consolider les relations extérieures du Somaliland et obtenir la reconnaissance de sa souveraineté.
« La première tâche de mon nouveau gouvernement est de renouveler ses relations avec le reste du monde afin que nous puissions créer un nouveau Somaliland qui contribuera à la sécurité de toute la région, y compris la mer Rouge », a-t-il déclaré devant un parterre de dignitaires et de citoyens enthousiastes.
Les défis de la reconnaissance internationale
Le Somaliland reste un cas unique sur le continent africain. Bien qu’il dispose de ses propres institutions politiques, d'une armée et d'un système judiciaire autonome, la région continue d’être considérée par la Somalie comme une partie intégrante de son territoire. Cette position est également soutenue par l’Union africaine, qui craint qu’une reconnaissance officielle du Somaliland n’encourage d'autres mouvements sécessionnistes à travers le continent.
Pourtant, le président Abdullahi a réitéré que la quête de souveraineté du Somaliland repose sur des arguments « juridiques valables ». La région cite notamment les frontières définies par le colonisateur britannique et l’échec de l’union avec la Somalie en 1960 comme base de son droit à l’indépendance.
Des félicitations diplomatiques et un soutien implicite
La cérémonie d’investiture a également mis en lumière un soutien tacite de certains acteurs internationaux. Richard H. Riley, ambassadeur américain en Somalie, a pris la parole pour adresser les félicitations officielles des États-Unis au nouveau président, affirmant que « le Somaliland a de nombreux amis au sein de la communauté internationale ».
Bien que les États-Unis n’aient pas reconnu officiellement l’indépendance du Somaliland, de telles déclarations, ainsi que la présence de délégations étrangères, soulignent l’importance stratégique croissante de cette région.
Un contexte géopolitique complexe
La cérémonie s’est déroulée dans un contexte de tensions renouvelées dans la région. La veille, la Somalie et l’Éthiopie ont convenu, sous médiation turque, de tenir des discussions techniques sur un différend découlant d’un accord économique entre le Somaliland et l’Éthiopie. Cet accord, perçu comme une reconnaissance tacite de l’autonomie du Somaliland par Addis-Abeba, a suscité des protestations du gouvernement somalien.
Le Somaliland, situé sur le corridor stratégique de la mer Rouge et de l’océan Indien, bénéficie d'une position géopolitique cruciale. La gestion de ce positionnement diplomatique, tout en évitant des confrontations ouvertes avec Mogadiscio, représente un défi de taille pour le président Abdullahi.
Les priorités du nouveau gouvernement
Au-delà de la quête de reconnaissance internationale, Abdirahman Mohamed Abdullahi devra également relever des défis domestiques pressants. Le Somaliland, bien qu’il soit relativement stable comparé à la Somalie, fait face à des difficultés économiques, notamment en matière de chômage et d’accès aux services publics.
Le nouveau président a promis d’investir dans l’éducation, les infrastructures et la diversification économique pour améliorer les conditions de vie des habitants. De plus, il s’est engagé à consolider la démocratie locale, en assurant des processus électoraux transparents et en respectant les droits humains.
Un avenir incertain, mais prometteur
L’investiture d’Abdirahman Mohamed Abdullahi ouvre un nouveau chapitre pour le Somaliland. Sa présidence sera scrutée de près, tant sur le plan interne que sur la scène internationale, où la quête de reconnaissance demeure un enjeu central.
Dans un discours empreint d'espoir et de détermination, le président a conclu : « Nous sommes prêts à contribuer à un avenir stable et prospère pour notre région et le monde entier. Le Somaliland continuera d’incarner les valeurs de paix, de démocratie et de coopération. »
Alors que la communauté internationale reste divisée sur la question de son indépendance, le Somaliland semble déterminé à poursuivre son chemin, avec une vision ambitieuse et un leadership renouvelé.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon