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Zimbabwe : une avancée majeure vers l’abolition de la peine de mort

Publié par RADIO TAN KONNON sur 13 Décembre 2024, 05:44am

Catégories : #AFRIQUE

Le Zimbabwe s’apprête à franchir un pas décisif dans son histoire judiciaire et humanitaire. Le Sénat zimbabwéen a approuvé, mercredi soir, un projet de loi visant à abolir la peine capitale, un dispositif législatif qui, bien que demeurant inscrit dans les textes, n’a plus été appliqué depuis près de deux décennies. Cette initiative marque un tournant dans les efforts du pays pour s’aligner sur la tendance mondiale en faveur de l’abolition de la peine de mort.

Un agent pénitentiaire observe la tour de guet de la prison maximale de Chikurubi à Harare, au Zimbabwe (Tsvangirayi Mukwazhi-AP)
Un agent pénitentiaire observe la tour de guet de la prison maximale de Chikurubi à Harare, au Zimbabwe (Tsvangirayi Mukwazhi-AP)

Si le président Emmerson Mnangagwa, lui-même fervent opposant à cette sanction, ratifie le projet de loi, le Zimbabwe rejoindra les rangs croissants des nations ayant définitivement tourné le dos à cette pratique controversée.

Un héritage controversé : l’histoire de la peine capitale au Zimbabwe

La peine de mort, introduite sous le régime colonial, a longtemps été maintenue dans l’arsenal législatif du Zimbabwe. Elle se pratiquait par pendaison, et les exécutions étaient souvent entourées d’un voile de secret.

Cependant, depuis 2005, aucune sentence capitale n’a été exécutée dans le pays. Cette interruption, due en partie à l’absence de bourreau volontaire, reflète une érosion progressive du soutien à cette pratique. Le couloir de la mort, qui compte encore aujourd’hui plus de 60 détenus, est devenu une zone d’incertitude, où des condamnés attendent des années sans savoir si leur peine sera appliquée ou commuée.

Un président marqué par l’histoire

Emmerson Mnangagwa, président du Zimbabwe depuis 2017, a été un acteur clé dans cette évolution. Son opposition à la peine de mort est enracinée dans sa propre expérience personnelle : durant la guerre de libération dans les années 1960, Mnangagwa a été condamné à mort pour avoir saboté un train. Sa sentence fut commuée en une peine de prison de dix ans en raison de son jeune âge.

Depuis son accession à la présidence, Mnangagwa a fait de l’abolition de la peine capitale l’une de ses priorités. À plusieurs reprises, il a usé de l’amnistie présidentielle pour transformer des condamnations à mort en peines de prison à perpétuité, soulignant son engagement envers une justice plus humaine et moins vindicative.

Une victoire pour les droits humains

La décision du Sénat a été saluée par des organisations internationales, notamment Amnesty International, qui milite depuis des années pour l’abolition universelle de la peine de mort. L’organisation a exhorté Mnangagwa à signer le projet de loi sans délai et à commuer toutes les condamnations en peines de prison.

« La peine de mort est une pratique cruelle, inhumaine et inefficace », a déclaré un porte-parole d’Amnesty. « En l’abolissant, le Zimbabwe envoie un message fort : le respect des droits humains doit être au cœur de tout système judiciaire. »

Selon les chiffres d’Amnesty, environ 75 % des pays du monde n’appliquent plus la peine de mort, que ce soit de facto ou de jure. L’Afrique, malgré des disparités régionales, montre une tendance croissante vers l’abolition. Des pays comme le Bénin, la Sierra Leone et le Tchad ont récemment aboli cette pratique, tandis que d’autres, comme le Ghana et le Kenya, mènent des débats similaires.

Le poids des arguments contre la peine capitale

Les défenseurs de l’abolition mettent en avant plusieurs arguments, dont l’inefficacité de la peine de mort comme outil de dissuasion et les risques d’erreurs judiciaires.

Dans le contexte zimbabwéen, ces arguments prennent une résonance particulière. Le système judiciaire du pays, souvent critiqué pour son manque de ressources et ses procédures parfois opaques, expose un risque accru d’exécutions injustifiées. Par ailleurs, les longues périodes d’attente dans le couloir de la mort sont considérées par de nombreuses organisations comme une forme de torture psychologique.

Une décision en phase avec les aspirations mondiales

L’adoption du projet de loi par le Sénat s’inscrit dans un mouvement global visant à éradiquer la peine capitale. En Afrique, où la peine de mort reste inscrite dans la législation d’une douzaine de pays, cette initiative pourrait inciter d’autres États à reconsidérer leurs propres politiques.

Le Zimbabwe, bien que confronté à de multiples défis économiques et politiques, semble décidé à démontrer qu’il peut également être à l’avant-garde des droits humains. Si Mnangagwa appose sa signature au texte, le pays rejoindra officiellement les quelque 120 nations ayant aboli cette pratique.

Une nouvelle ère pour la justice au Zimbabwe

Cette avancée législative, si elle est finalisée, marquera un moment historique pour le Zimbabwe. Elle reflète non seulement une volonté de rompre avec un passé marqué par la violence, mais aussi une aspiration à construire une société plus équitable et respectueuse des droits fondamentaux.

Alors que le projet de loi attend la ratification présidentielle, tous les regards sont tournés vers Emmerson Mnangagwa, dont la signature pourrait consacrer une transformation majeure du paysage juridique zimbabwéen. Dans un pays en quête de réconciliation et de progrès, cette décision, loin d’être uniquement symbolique, pourrait ouvrir la voie à une justice réformée et empreinte d’humanité.

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