Ouagadougou — Le parquet du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou 1, représenté par le Procureur du Faso, Maître Blaise Bazié, a annoncé ce vendredi l’ouverture d’une information judiciaire concernant des faits de surfacturation et de fraude dans le cadre de la réhabilitation du stade du 4 Août, une infrastructure emblématique de la capitale burkinabè.
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Lors de cette déclaration publique, Maître Bazié a détaillé les éléments préliminaires de l’enquête qui pointent vers des irrégularités majeures dans la gestion de ce chantier pharaonique censé redonner une nouvelle jeunesse à cette arène sportive historique. « Les investigations menées jusqu’à présent révèlent des dysfonctionnements graves touchant à la passation des marchés publics et à l’exécution financière des contrats associés à ces travaux », a-t-il affirmé devant une assemblée de journalistes.
Des Personnalités et Sociétés dans le Collimateur
Parmi les protagonistes cités, quatre personnes physiques font désormais l’objet de poursuites judiciaires. Arissou Ouédraogo, Directeur Général des Marchés Publics au sein du ministère des Sports, est l’une des figures centrales de cette affaire. Aux côtés de ce haut responsable, trois autres individus ont été mis en examen. Par ailleurs, deux entités morales — dont les noms n’ont pas encore été rendus publics — sont impliquées pour leur rôle dans la mise en place et l’exécution des contrats liés aux travaux.
Ces irrégularités portent notamment sur des surfacturations présumées atteignant plusieurs centaines de millions de francs CFA, ainsi que sur des pratiques de favoritisme et de non-respect des procédures légales de passation de marchés. Le parquet a également fait mention de faux documents utilisés pour justifier des paiements injustifiés.
Un processus vicié : Détails des irrégularités
Les premières constatations mettent en lumière un schéma complexe où certaines entreprises auraient été sélectionnées sans respecter les critères d’éligibilité prévus par la loi. En outre, des avenants financiers disproportionnés auraient été signés sans justification technique valable, contribuant ainsi à gonfler artificiellement les coûts de la réhabilitation.
« Il est apparu évident que certains prestataires n’avaient ni les compétences techniques ni les capacités financières pour réaliser ces travaux d’envergure », a indiqué le procureur. Une équipe spécialisée a été dépêchée pour auditer les comptes et analyser les écarts constatés entre les dépenses engagées et les travaux effectivement réalisés sur le terrain.
Des biens saisis et des audiences à venir
Dans le cadre de cette affaire, plusieurs biens appartenant aux personnes mises en cause ont été saisis à titre conservatoire. Ces saisies visent à préserver les intérêts de l’État en cas de condamnation ultérieure et à empêcher tout transfert ou dissimulation d’avoirs mal acquis.
Par ailleurs, Maître Bazié a assuré que les accusés bénéficieront d’une procédure judiciaire équitable, conformément aux principes de l’État de droit. Il a toutefois rappelé la volonté ferme des autorités judiciaires de lutter contre la corruption et les dérives administratives qui minent l’économie nationale.
Des enjeux sportifs et socio-économiques cruciaux
La réhabilitation du stade du 4 Août représente un projet d’importance stratégique pour le Burkina Faso, tant sur le plan sportif que socio-économique. Conçu pour accueillir les grandes compétitions nationales et internationales, ce complexe sportif est également un symbole de la fierté nationale. Sa modernisation était donc perçue comme une priorité par les autorités.
Cependant, les retards accumulés et les problèmes liés à la mauvaise gestion des ressources pourraient mettre en péril les échéances fixées pour la livraison du chantier. « Le public burkinabè a droit à des infrastructures sportives modernes et fonctionnelles, et il n’est pas question que ces objectifs soient compromis par des pratiques frauduleuses », a martelé le procureur.
Un signal fort contre la corruption
Cette affaire s’inscrit dans une série d’initiatives judiciaires visant à renforcer la transparence et la redevabilité dans la gestion des finances publiques. Le gouvernement burkinabè a fait de la lutte contre la corruption un pilier central de sa gouvernance, multipliant les contrôles et les audits pour assainir les pratiques administratives.
En conclusion, Maître Bazié a réaffirmé la détermination de son parquet à mener cette affaire à son terme avec rigueur et impartialité. Les citoyens burkinabès suivent de près cette procédure judiciaire qui, au-delà de l’affaire du stade, symbolise un combat essentiel pour l’intégrité et la transparence au sein des institutions publiques du pays.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon