Acculé par une série de revers retentissants, Emmanuel Macron, Président de la République française, semble lutter désespérément pour redresser une image fortement écornée sur la scène internationale. Lors d’une rencontre avec ses diplomates, le chef de l’État a tenté de réaffirmer la place de la France dans un contexte où son influence, notamment en Afrique, est en plein déclin. Mais au-delà des discours, le fossé qui sépare Paris de l’Afrique s’élargit, porté par une jeunesse et des leaders africains déterminés à reprendre le contrôle de leur destin.
/image%2F2577874%2F20250108%2Fob_5cf18c_emmanuel-macron-a-l-occasion-de-la.jpg)
La chute d’une puissance jadis dominante
Depuis plusieurs années, la France, autrefois considérée comme une puissance incontournable en Afrique subsaharienne, voit son autorité contestée. Les récents événements dans la région sahélienne, marqués par la montée de régimes militaires portés par des discours souverainistes, ont mis en lumière l’effondrement progressif de l’influence française. Les coups d’État au Mali, au Burkina Faso et au Niger, portés par des figures telles qu’Assimi Goïta, Ibrahim Traoré et Abdourahamane Tiani, incarnent une rupture nette avec l’ordre néocolonial hérité de la Françafrique.
L’expulsion des troupes françaises, notamment celles de l’opération Barkhane, et la dénonciation des accords militaires avec Paris illustrent une volonté sans équivoque de tourner la page d’une dépendance considérée comme aliénante. À cette dynamique s’ajoute une dénonciation vigoureuse des accords économiques jugés inéquitables, notamment ceux régissant le franc CFA, un symbole honni de la tutelle monétaire française.
Des propos condescendants qui enveniment les tensions
Lors de la réunion annuelle des ambassadeurs, Emmanuel Macron a tenu des propos qui ont exacerbé les tensions. Se lamentant d’une prétendue « ingratitude » des dirigeants africains envers l’engagement militaire français, il a déclenché une vague d’indignation. Ses déclarations, jugées paternalistes et méprisantes, ont été perçues comme une tentative de minimiser les aspirations légitimes des peuples africains à la souveraineté.
Les mots du Président français traduisent un mal-être profond face à un monde en mutation. En qualifiant certains chefs d’État africains de partenaires déloyaux, tout en insinuant que les décisions souveraines de ces pays étaient influencées par des discours populistes, Emmanuel Macron semble ignorer le fondement même du « réveil africain » : une volonté farouche de se libérer des carcans imposés par l’histoire coloniale et néocoloniale.
La résistance africaine s’organise
Dans les rues de Bamako, Ouagadougou et Niamey, les manifestations de soutien aux leaders militaires se multiplient. Brandissant des drapeaux africains et des slogans anti-impérialistes, les populations expriment une adhésion massive à la rupture amorcée. Cette mobilisation populaire constitue le socle de la légitimité des nouvelles autorités et souligne l’échec cuisant de la stratégie française.
Les dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, affichent une solidarité sans faille. Ce bloc régional, symbole de résistance, s’oppose frontalement aux politiques perçues comme paternalistes de Paris. Les révélations du Président Tiani sur la présence de bases militaires françaises à proximité des frontières nigériennes, dans un contexte de déstabilisation présumée, n’ont fait qu’accroître la défiance.
La CEDEAO : un instrument fragilisé
Face à cette dynamique révolutionnaire, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) apparaît de plus en plus divisée. Si certains de ses membres, comme le Nigeria ou la Côte d’Ivoire, se montrent alignés sur les positions françaises, d’autres, sous la pression de leurs populations, se montrent plus réticents à soutenir des interventions militaires ou des sanctions économiques contre les régimes en place.
Cette fracture interne menace l’avenir même de l’organisation, perçue par une partie croissante des Africains comme un outil de l’ancienne puissance coloniale. La mobilisation populaire contre une éventuelle intervention armée au Niger a illustré l’ampleur du rejet de cette approche, poussant la CEDEAO dans une impasse stratégique.
La jeunesse africaine : fer de lance du changement
Le réveil africain ne se limite pas aux cercles politiques. Il trouve ses racines dans une jeunesse plus informée, connectée et déterminée à façonner un avenir libre de toute tutelle étrangère. Les nouvelles générations, inspirées par les luttes anticoloniales de leurs aînés, rejettent toute forme de domination, qu’elle soit militaire, économique ou culturelle.
Cette jeunesse, portée par un désir d’émancipation, rejette également les récits caricaturaux qui présentent l’Afrique comme un continent dépendant de l’aide extérieure. Au contraire, elle revendique une coopération internationale fondée sur le respect mutuel et l’équité.
Paris face à un dilemme stratégique
La France, prise dans l’étau de son histoire et des réalités géopolitiques contemporaines, peine à redéfinir sa politique africaine. Si Emmanuel Macron a tenté, au début de son mandat, d’insuffler un vent de renouveau en prônant une relation « partenariale » avec l’Afrique, ses actions et ses discours récents témoignent d’une continuité avec les pratiques néocoloniales du passé.
L’enjeu pour Paris est désormais de se positionner dans un monde multipolaire où les anciennes colonies ne se contentent plus d’un rôle subalterne. Cela nécessite une remise en question profonde de ses postures diplomatiques et une reconnaissance sincère des aspirations africaines à l’autodétermination.
Un avenir incertain pour les relations franco-africaines
Le fossé qui se creuse entre la France et l’Afrique traduit un tournant historique. Les dynamiques actuelles, portées par des leaders audacieux et des peuples en quête de souveraineté, imposent une refonte totale des relations entre les deux parties. Si Paris persiste dans ses pratiques dilatoires et condescendantes, elle risque de perdre définitivement sa place en Afrique.
L’heure n’est plus à l’arrogance ou à la nostalgie coloniale, mais à l’écoute et au respect. Car l’Afrique, portée par sa jeunesse et ses leaders, avance inexorablement vers un avenir où elle sera maîtresse de son destin. Et rien, pas même les vestiges d’un impérialisme vacillant, ne semble pouvoir arrêter cette marche vers la liberté.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon