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RADIO TANKONNON

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Kinshasa en ébullition, Goma sous tension : la RDC face à la menace du M23 et aux tensions régionales

Publié par RADIO TAN KONNON sur 29 Janvier 2025, 17:38pm

Catégories : #AFRIQUE

Kinshasa, République démocratique du Congo (RDC) — Ce mardi matin, les rues de Kinshasa, la capitale congolaise, ont été le théâtre de manifestations anti-rwandaises d’une intensité rare. Des milliers de Congolais, brandissant fièrement les couleurs de leur drapeau national, ont exprimé leur colère et leur détermination face à la crise sécuritaire qui secoue l’est du pays, où les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon les autorités congolaises et plusieurs gouvernements étrangers, affrontent les forces loyalistes dans la ville stratégique de Goma. Ces manifestations, marquées par des scènes de barricades enflammées et des slogans vibrants, reflètent l’exaspération d’un peuple confronté à des décennies de conflits et d’ingérences étrangères.

Manifestations populaires contre le M23
Manifestations populaires contre le M23

Une capitale en colère

Dès l’aube, les artères de Kinshasa se sont transformées en un champ de bataille symbolique. Les manifestants, vêtus de tissus aux motifs patriotiques, ont brûlé des pneus et érigé des barricades pour bloquer les principales routes de la ville. Leurs cris résonnaient comme un appel à la résistance : « Plus de dialogue, nous devons nous battre ! », a lancé Eric Boyololo, un jeune manifestant dont les paroles résument l’état d’esprit général. « Nous sommes fiers de nous lever et de combattre l’ennemi. Le Congo est notre pays, la terre de nos ancêtres. »

Cette colère populaire s’adresse directement au Rwanda, accusé par Kinshasa et ses alliés internationaux de soutenir militairement et financièrement les rebelles du M23. Jeanine Ngalula, une manifestante, a interpellé le président rwandais Paul Kagame avec une véhémence qui en dit long sur le sentiment d’injustice qui anime les Congolais : « Si Kagame arrive ici à Kinshasa et prend la place du président Tshisekedi, il ne pourra pas gouverner. Le Congo n’est pas à vendre, il n’est pas à prendre. » Ces mots, prononcés sous les acclamations de la foule, illustrent le profond attachement des Congolais à leur souveraineté et à leur territoire.

Goma, ville martyre

À plus de 2 000 kilomètres de Kinshasa, la ville de Goma, dans l’est du pays, est plongée dans un chaos indescriptible. Cette métropole de deux millions d’habitants, carrefour commercial et humanitaire régional, est aujourd’hui le cœur battant d’un conflit qui menace de déstabiliser toute la région. Les rebelles du M23, un groupe armé issu d’une rébellion antérieure en 2012, ont lancé une offensive majeure en 2022 et prétendent désormais contrôler une partie de la ville. Les habitants ont signalé des coups de feu et des explosions toute la nuit, notamment près de l’aéroport, désormais fermé.

Goma, déjà fragilisée par des décennies de conflits ethniques et de rivalités pour le contrôle des ressources minières, abrite des centaines de milliers de déplacés internes. Ces populations, déjà vulnérables, sont aujourd’hui prises au piège d’une nouvelle spirale de violence. Les images de familles fuyant les combats, emportant le peu qu’elles possèdent, rappellent cruellement l’une des plus grandes crises humanitaires au monde. Plus de six millions de personnes ont été déplacées par les conflits dans l’est de la RDC, un chiffre qui ne cesse de croître.

Le M23, un ennemi redoutable

Le Mouvement du 23 mars (M23), l’un des quelque 100 groupes armés opérant dans l’est de la RDC, est devenu ces dernières années l’un des acteurs les plus redoutables de la région. Composé majoritairement de combattants tutsis, le groupe s’est formé en 2012 pour protester contre ce qu’il considérait comme une marginalisation de leur communauté. Après une brève prise de contrôle de Goma la même année, le M23 avait été vaincu par les forces congolaises et les casques bleus de l’ONU. Cependant, en 2022, le groupe a repris les armes, lançant une offensive éclair qui lui a permis de capturer plusieurs villes clés.

Les rebelles avancent avec une rapidité et une organisation qui laissent peu de doute sur le soutien extérieur dont ils bénéficient. La RDC, ainsi que plusieurs pays et organisations internationales, accuse le Rwanda de fournir des armes, des financements et même des troupes au M23. Kigali dément catégoriquement ces accusations, mais les preuves s’accumulent, notamment des rapports d’experts de l’ONU et des témoignages de déserteurs.

Une crise régionale aux ramifications complexes

La crise actuelle en RDC dépasse largement les frontières du pays. Elle s’inscrit dans un contexte régional marqué par des tensions historiques, des rivalités ethniques et une compétition féroce pour le contrôle des ressources naturelles. L’est de la RDC, riche en minerais tels que l’or, le coltan et le cobalt, est depuis des décennies le théâtre de conflits armés impliquant une multitude d’acteurs locaux et internationaux.

Le Rwanda, petit pays densément peuplé, a toujours considéré l’est de la RDC comme une zone d’influence stratégique. Les relations entre Kigali et Kinshasa, déjà tendues depuis le génocide rwandais de 1994 et les guerres qui ont suivi, n’ont cessé de se détériorer. Les récentes avancées du M23 ont exacerbé ces tensions, risquant de plonger la région dans un nouveau cycle de violence.

L’appel à la résistance

Face à cette menace, les Congolais se mobilisent. À Kinshasa, les manifestations de ce mardi sont un cri du cœur, un appel à la résistance et à la solidarité nationale. Les manifestants, bien que situés à des milliers de kilomètres des combats, se sentent directement concernés par le sort de Goma et de l’est du pays. « Nous ne pouvons plus rester silencieux. Goma est notre ville, notre fierté. Nous ne laisserons pas les ennemis de notre nation la prendre », a déclaré un jeune étudiant, les yeux brillants de détermination.

Le président Félix Tshisekedi, dont les manifestants ont massivement prêté allégeance, est sous pression pour répondre à cette crise. Son gouvernement a multiplié les appels à la communauté internationale, exigeant des sanctions contre le Rwanda et un soutien accru pour les forces congolaises. Cependant, sur le terrain, les défis restent immenses. Les forces loyalistes, bien que déterminées, sont souvent mal équipées et confrontées à un ennemi bien organisé et soutenu.

Un avenir incertain

Alors que le soleil se couchait sur Kinshasa, les barricades continuaient de brûler, symboles d’une nation en lutte pour sa survie. À Goma, les combats se poursuivaient, plongeant des milliers de familles dans l’angoisse et l’incertitude. La crise actuelle, avec ses ramifications régionales et internationales, est un rappel cruel des défis auxquels la RDC est confrontée depuis des décennies.

Pourtant, au milieu de cette tourmente, une lueur d’espoir persiste. La résilience et la détermination du peuple congolais, visibles dans les rues de Kinshasa comme dans les collines de l’est, montrent que la lutte pour la paix et la souveraineté est loin d’être perdue. Mais pour que cet espoir se concrétise, il faudra plus que des manifestations et des discours. Il faudra une action concertée, tant au niveau national qu’international, pour mettre fin à ce cycle de violence et construire un avenir meilleur pour le Congo et sa population.

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