La Confédération des États du Sahel (AES), union récente mais ambitieuse regroupant plusieurs nations du Sahel, a décidé d'affirmer son autonomie politique et institutionnelle en entamant des discussions officielles sur sa séparation de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Ce dimanche 26 janvier 2025, une réunion cruciale des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'AES aura lieu à la salle de conférence du ministère des Affaires étrangères pour discuter des modalités de cette séparation historique.
Un tournant majeur pour le Sahel
La Confédération des États du Sahel, érigée en réponse à des dynamiques politiques et sécuritaires régionales particulières, s'est donné pour mission de redéfinir les priorités de coopération entre ses membres. Cette réunion ministérielle intervient dans un contexte de tensions accrues avec la CEDEAO, notamment sur des questions de gouvernance, de sécurité et d'autodétermination économique.
La cérémonie d’ouverture, prévue à 10h00, marquera le début des travaux, sous la présidence du ministre des Affaires étrangères de l'AES. Les délibérations se poursuivront toute la journée avant de culminer avec une cérémonie de clôture à 16h00, où les grandes décisions seront annoncées.
Les enjeux d'une désunion
La décision de rompre avec la CEDEAO reflète une volonté de la part des États membres de l'AES de se détacher de structures régionales qu'ils jugent inadaptées à leurs réalités et aspirations. Les griefs exprimés concernent notamment la gestion des crises sécuritaires, jugée inefficace, ainsi qu'une présence perçue comme trop intrusive dans les affaires intérieures des États souverains. Cette démarche ambitionne de renforcer une coopération plus ciblée, basée sur des intérêts partagés entre des nations faisant face à des défis similaires.
La CEDEAO, quant à elle, a exprimé ses inquiétudes face à cette démarche, rappelant l'importance de l'intégration régionale comme moteur de développement économique et de stabilité politique. Toutefois, les membres de l'AES considèrent que le cadre actuel de la CEDEAO est devenu un frein à leur propre émancipation.
La structure de l'AES : une nouvelle vision pour l'Afrique sahélienne
Depuis sa création, l'AES a affiché une approche innovante en matière de gouvernance régionale. Regroupant des pays partageant des enjeux communs tels que l'insécurité due au terrorisme, la pauvreté, les changements climatiques et les difficultés économiques, la Confédération mise sur des stratégies adaptées aux réalités locales. L'un des piliers fondamentaux de l'AES est de promouvoir une souveraineté renforcée tout en consolidant une coopération plus étroite entre ses membres.
Pour les observateurs, cette initiative pourrait représenter une bouffée d’oxygène pour une région souvent marginalisée dans les grandes politiques continentales. En misant sur des solutions endogènes, l'AES pourrait ouvrir la voie à une redéfinition des relations interétatiques sur le continent.
Le programme de la journée : des étapes décisives
La réunion ministérielle de ce dimanche s'articulera autour de plusieurs thématiques essentielles. Parmi celles-ci, les discussions sur les implications juridiques, politiques et économiques de la rupture avec la CEDEAO seront au cœur des débats. Les ministres auront également l’occasion d’échanger sur les modalités de renforcement des mécanismes de sécurité collective et de développement durable propres à l'AES.
Les travaux seront ponctués de plusieurs interventions majeures, notamment celles des experts en droit international et en économie régionale, qui apporteront un éclairage précis sur les conséquences potentielles de cette désunion.
L'avenir du Sahel : entre ruptures et nouvelles dynamiques
Si la rupture avec la CEDEAO représente une prise de position audacieuse, elle marque aussi le début d’une ère nouvelle pour l'AES et ses membres. En prenant le pari de l’indépendance institutionnelle, ces nations placent la barre haut en termes de responsabilités et d’attentes. Cependant, le succès de cette initiative dépendra de leur capacité à transcender les défis internes et à établir une coopération régionale réellement fonctionnelle.
Alors que les regards du continent et du monde entier se tournent vers cette réunion, il est évident que les décisions qui en émergeront auront des répercussions profondes sur l'avenir de l'intégration africaine et sur la manière dont les États du Sahel choisiront de définir leur destin collectif.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon