Niamey, Niger — Ce mardi, sous un soleil éclatant, des milliers de Nigériens ont envahi les rues de Niamey et d’autres villes du pays pour marquer un événement historique : le premier anniversaire du retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette décision, prise il y a un an, a donné naissance à la Confédération Alliance des États du Sahel (AES), une initiative audacieuse visant à redéfinir les relations régionales et à affirmer une souveraineté retrouvée. Organisée par le Mouvement M62, cette manifestation a rassemblé une foule hétéroclite, composée de membres du gouvernement, d’acteurs de la société civile et de citoyens ordinaires, tous unis par un sentiment de fierté nationale et d’espoir pour l’avenir.
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Une ferveur populaire palpable
Dès les premières heures de la matinée, les artères de Niamey se sont transformées en un océan de drapeaux nationaux et de banderoles proclamant la renaissance du Niger. Les slogans scandés par la foule résonnaient comme un hymne à l’indépendance et à la détermination. Parmi les manifestants, Salifou Harouna, un habitant de Niamey, a résumé l’état d’esprit général : « Si vous trouvez ce jour un Nigérien qui n’est pas content, il faut se poser la question de quel type de Nigérien il s’agit. » Cette déclaration, empreinte de fierté, reflète l’adhésion massive de la population à cette nouvelle orientation politique et stratégique.
Kadidja Alkassoum, une figure emblématique de la société civile nigérienne, a pris la parole pour encourager d’autres nations à suivre l’exemple de l’AES. « Nous montrons au monde que nous sommes capables de prendre notre destin en main. L’AES n’est pas qu’un projet politique, c’est une vision portée par le peuple et pour le peuple », a-t-elle déclaré, sous les applaudissements nourris de la foule. Son discours a mis en lumière la détermination des trois pays membres de l’AES à poursuivre leurs objectifs communs, malgré les défis et les critiques extérieures.
Un tournant décisif pour l’AES
Pour les autorités nigériennes, cette journée revêt une signification particulière. Elle marque un tournant décisif dans l’histoire récente du pays et de la région. Abdou Assaoumane Harouna, Gouverneur de Niamey, a prononcé un discours empreint d’optimisme et de détermination. « Nous sommes dans la Confédération AES où désormais la tolérance, la conciliation, l’acceptation de l’autre et le développement harmonieux vont guider chacun de nos pas », a-t-il affirmé. Ces mots, porteurs d’une vision inclusive et progressiste, ont été accueillis avec enthousiasme par les manifestants.
L’AES, bien qu’encore jeune, ne cesse de se renforcer. L’un des projets les plus ambitieux annoncés lors de cette commémoration est le lancement d’un passeport commun pour les trois pays membres. Ce projet, prévu pour le 29 janvier 2025, symbolise l’intégration régionale et la volonté de créer un espace de libre circulation et de coopération renforcée. Cette date coïncidera avec le départ officiel du Mali de la CEDEAO, marquant ainsi une nouvelle étape dans la consolidation de l’AES.
Une réponse aux défis régionaux
Le retrait de la CEDEAO et la création de l’AES s’inscrivent dans un contexte régional complexe, marqué par des défis sécuritaires, économiques et politiques. Les trois pays membres de l’AES, confrontés à des menaces terroristes persistantes et à des crises économiques, ont choisi de prendre leur destin en main en se distanciant d’une organisation qu’ils jugent inefficace et insuffisamment solidaire. Cette décision, bien que controversée, a été saluée par une large partie de la population, qui y voit une opportunité de renforcer la souveraineté nationale et de construire un avenir meilleur.
Les critiques, cependant, ne manquent pas. Certains observateurs internationaux expriment des réserves quant à la viabilité de l’AES, soulignant les défis économiques et logistiques auxquels les trois pays sont confrontés. Pourtant, les dirigeants de l’AES restent déterminés à prouver que cette initiative est non seulement viable, mais aussi nécessaire pour répondre aux aspirations des peuples du Sahel.
Une vision pour l’avenir
L’AES ne se contente pas de réagir aux défis actuels ; elle propose une vision pour l’avenir. Les dirigeants des trois pays membres insistent sur la nécessité de construire une alliance fondée sur des valeurs communes : la souveraineté, la solidarité et le développement durable. Le projet de passeport commun en est une illustration concrète, mais d’autres initiatives sont en cours, notamment dans les domaines de la sécurité, de l’éducation et de l’économie.
Pour les Nigériens, cette journée de commémoration est bien plus qu’un simple anniversaire. C’est une célébration de leur résilience, de leur détermination et de leur espoir en un avenir meilleur. Alors que le soleil se couchait sur Niamey, la foule, encore en liesse, a entonné l’hymne national, un moment poignant qui a rappelé à tous que le Niger, avec ses partenaires de l’AES, est prêt à écrire un nouveau chapitre de son histoire.
Conclusion
Un an après le retrait de la CEDEAO, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont démontré que leur alliance n’est pas un simple geste de défiance, mais une véritable stratégie pour l’avenir. À travers des projets concrets et une vision partagée, l’AES incarne l’espoir d’une région plus unie, plus forte et plus souveraine. Alors que les défis restent nombreux, la détermination des peuples et des dirigeants de l’AES laisse entrevoir un avenir prometteur pour le Sahel. Ce mardi, à Niamey, ce n’était pas seulement une commémoration, c’était une affirmation : l’AES est là pour durer, et avec elle, un nouveau rêve pour l’Afrique.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon