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RADIO TANKONNON

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Vers une transition délicate en Guinée : Entre promesses de retours démocratiques et défiance de l’opposition

Publié par RADIO TAN KONNON sur 11 Janvier 2025, 19:09pm

Catégories : #ANALYSE

La Guinée, plongée dans une période de transition politique depuis le coup d’État militaire de 2021, semble amorcer une nouvelle phase décisive dans son processus de retour à l’ordre constitutionnel. Cette semaine, les responsables de la junte dirigée par le général Mamadi Doumbouya ont fait une annonce retentissante : la possibilité d’organiser un référendum constitutionnel en mai, suivi d’élections présidentielles ou législatives en octobre. Cependant, ces engagements soulèvent scepticisme et interrogations au sein de l’opposition politique et de la société civile guinéenne.

Général d'Armée Mamadi DOUMBOUYA
Général d'Armée Mamadi DOUMBOUYA

Un engagement renouvelé, des doutes persistants

Lors d’une interview accordée à la presse française, le porte-parole du gouvernement militaire de Conakry a précisé que la tenue d’une élection présidentielle à l’automne pourrait permettre de clore la période transitoire amorcée il y a près de trois ans. Ce calendrier marquerait une étape cruciale dans le processus de restauration de la démocratie, une promesse formulée par le général Doumbouya lors de sa prise de pouvoir.

Cependant, l’opposition politique guinéenne exprime une défiance profonde envers ces nouvelles annonces. Pour Siaka Barry, président du parti MPDG (Mouvement Populaire Démocratique de Guinée), « la confiance est rompue entre tous les acteurs politiques et la junte ». Cette affirmation témoigne du climat tendu et des relations éprouvées qui persistent entre les différents protagonistes du paysage politique guinéen.

Le spectre de la nouvelle constitution

Une des principales étapes envisagées pour ce retour à l’ordre constitutionnel est l’adoption d’une nouvelle constitution. La « charte de transition » adoptée par la junte interdit à ses membres de se présenter aux élections, une mesure visant à assurer une transition impartiale. Toutefois, nombre d’analystes redoutent que cette nouvelle constitution puisse lever cette interdiction, ouvrant la voie à une candidature du général Doumbouya lui-même ou de ses proches collaborateurs.

L’ancien ministre et politologue guinéen Lansana Diallo analyse la situation avec prudence : « L’adoption d’une nouvelle constitution est une étape majeure, mais elle comporte aussi des risques de manipulation politique. La vigilance de la société civile sera essentielle pour garantir que cette transition réponde aux aspirations démocratiques des Guénéens. »

Un contexte sociopolitique fragile

La situation politique en Guinée reste marquée par les tensions et les incertitudes. Les manifestations populaires contre le régime militaire se sont multipliées ces derniers mois, témoignant de l’impatience croissante des citoyens face aux promesses non tenues. Les acteurs de la société civile, de leur côté, ne cessent de réclamer une feuille de route claire et transparente pour la transition.

Malgré cela, le gouvernement militaire insiste sur les progrès accomplis. « Nous avons amorcé des réformes profondes, notamment dans les secteurs judiciaire et économique, qui créeront les bases d’une république nouvelle et stable », a affirmé un représentant de la junte.

Une année électorale décisive ?

Dans ses vœux de Nouvel An, le général Doumbouya a déclaré que 2025 serait une « année électorale cruciale ». Cette annonce, bien qu’accueillie avec prudence, suscite de l’espoir chez certains observateurs. Pour Alpha Soumah, politologue et enseignant à l’Université de Conakry, « le processus électoral pourrait être une opportunité pour restaurer la confiance entre les citoyens et les institutions. Mais cela dépendra largement de la volonté politique de la junte de tenir ses engagements sans subterfuge. »

L’opposition en quête de garanties

Face aux annonces de la junte, l’opposition exige des garanties concrètes et immédiates. Parmi les revendications formulées figurent la mise en place d’une commission électorale indépendante, la garantie d’une liberté totale d’expression et de rassemblement, ainsi qu’une transparence absolue dans l’organisation des scrutins.

Pour Mamadou Diakité, activiste et leader d’un collectif citoyen, « la Guinée ne peut se permettre un autre cycle de déceptions politiques. Les jeunes, en particulier, attendent des actions concrètes pour un avenir meilleur ».

Un avenir incertain

Alors que la Guinée se dirige vers une nouvelle étape de son processus de transition, les défis demeurent immenses. La méfiance entre les acteurs politiques, les tensions sociales et les incertitudes entourant le cadre légal et constitutionnel de cette transition rendent la situation précaire. La réussite de cette « transition cruciale » reposera sur la capacité des dirigeants militaires à faire preuve de transparence et de bonne foi, tout en répondant aux aspirations légitimes du peuple guinéen.

Les prochains mois s’annoncent décisifs. La Guinée saura-t-elle tourner la page de cette crise et réaffirmer sa place parmi les nations démocratiques du continent ? Seul l’avenir le dira.

Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon 

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