Bukavu, Sud-Kivu – La ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, se trouve aujourd’hui au cœur d’une tourmente aussi bien militaire qu’économique. Alors que l’armée congolaise intensifie sa présence dans le secteur, la perspective d’une attaque du groupe armé M23 plonge les habitants dans une angoisse grandissante, rendant l’avenir de la région de plus en plus incertain.
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Une militarisation inquiétante
Depuis plusieurs jours, la progression des rebelles du M23 vers le Sud-Kivu alimente les craintes d’une extension du conflit au cœur de la ville. L’arrivée massive de forces militaires, censée garantir la sécurité, ne fait qu’accentuer l’appréhension des populations locales. « Nous trouvons qu’ici il y a beaucoup de militaires et nous ne savons pas s’ils sont contrôlés. Il y a même des intrus qui peuvent être déjà dans la ville. Nous restons toujours dans notre psychose, » confie Pascal Buhendwa, résident inquiet de Bukavu. Cette observation souligne la complexité d’une situation où la présence de l’armée, tout en étant un rempart contre l’agression, se mue en une source d’inquiétude constante pour une population déjà fragilisée.
Des déplacements massifs et une économie en berne
La crainte d’un assaut imminent a engendré des mouvements de populations, avec des habitants fuyant Bukavu pour se réfugier dans les pays voisins tels que le Burundi ou même jusqu’en Tanzanie. « Cette situation s’étend même au niveau de Nova et de Bibuhey. Ça a créé une agitation à partir de Bukavu, » explique Raimond Mukobelwa, témoignage qui illustre la déstabilisation de toute la région. En parallèle, les infrastructures commerciales vacillent : la demande pour des produits de première nécessité, notamment la farine et le sel, explose dans un contexte où l’approvisionnement se raréfie et les routes commerciales demeurent coupées.
« Nous souffrons beaucoup avec cette guerre, nous ne dormons plus la nuit, nos commerces sont à terre, nous n’avons pas accès aux marchandises. Les prix ont explosé et les routes commerciales sont coupées. Chaque fois que nous voyons les véhicules militaires passer, nous avons peur. Certains s’évanouissent à cause du stress. Nous souffrons vraiment, » déplore Furaha Ntakwinja, résidente de Bukavu, illustrant ainsi la détresse quotidienne d’une population confrontée à une crise multidimensionnelle.
L’espoir vacillant d’une issue négociée
Face à l’aggravation de la situation, des négociations se déroulent au niveau régional, apportant un maigre espoir d’apaisement. Pourtant, l’inquiétude persiste, nourrie par l’incertitude quant à la capacité des autorités à contenir la menace du M23 et à restaurer un semblant d’ordre. Dans ce climat de peur et de désarroi, les habitants se voient contraints d’affronter une réalité marquée par la perte de repères, un repli sur soi et la dégradation progressive des conditions de vie.
Conclusion
Bukavu se trouve ainsi à la croisée des chemins, entre l’impératif sécuritaire imposé par une présence militaire renforcée et la nécessité de préserver un tissu social et économique déjà éprouvé par les affres du conflit. Dans ce contexte, la population, en proie à une tension quotidienne, espère une intervention rapide et efficace qui lui permettrait de retrouver enfin la quiétude indispensable à son redressement. Jusqu’à nouvel ordre, l’avenir demeure incertain, tant pour les habitants de Bukavu que pour l’ensemble du Sud-Kivu, emporté dans le tourbillon d’une crise qui semble sans fin.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon