L’histoire de la petite Fanta, venue au monde à bord d'un vol de Brussels Airlines reliant Dakar à Bruxelles, a ému le monde entier. Ce type d’événement rarissime suscite non seulement l’admiration mais aussi des interrogations d'ordre juridique : quelle nationalité se voit attribuer un enfant né en plein ciel, hors des frontières terrestres classiques ?
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La question de la nationalité des enfants nés à bord d'un avion est régie par plusieurs conventions internationales et par les lois nationales des pays impliqués. Trois principes principaux sont couramment pris en compte pour déterminer la nationalité d'un nouveau-né en vol :
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Le jus sanguinis (droit du sang) : La majorité des pays attribuent la nationalité à l'enfant en fonction de celle de ses parents. Ainsi, si Fanta est issue de parents sénégalais, elle pourrait automatiquement être considérée comme sénégalaise, indépendamment du lieu de naissance.
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Le jus soli (droit du sol) : Certains pays accordent la nationalité à toute personne née sur leur territoire. Si un avion survole l’espace aérien d'un État appliquant ce principe, un enfant né durant le vol pourrait bénéficier de la nationalité de cet État. Toutefois, peu de nations appliquent le jus soli aux naissances en vol.
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Le droit du pavillon : Selon la Convention de Chicago de 1944 sur l'aviation civile internationale, un avion est considéré comme une extension du territoire de son pays d’immatriculation. Ainsi, si le vol de Brussels Airlines était enregistré en Belgique, la nationalité belge pourrait être une possibilité.
Les naissances en vol sont rares mais pas inédites. Plusieurs enfants nés dans ces circonstances ont obtenu des nationalités différentes en fonction des législations appliquées :
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En 1995, une petite fille née à bord d'un vol entre le Canada et l'Angleterre a obtenu la nationalité canadienne grâce à une clause du droit du sol canadien.
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En 2009, un enfant né à bord d’un vol des Émirats arabes unis a reçu la nationalité de ses parents, suivant le principe du jus sanguinis.
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Dans certains cas exceptionnels, des enfants nés en vol ont reçu la citoyenneté de l’Organisation des Nations Unies, bien que cette reconnaissance demeure largement symbolique.
Le cas de Fanta soulève plusieurs questions juridiques :
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L’espace aérien où elle est née : Si la naissance a eu lieu au-dessus des eaux internationales, cela complique la question de la nationalité. Toutefois, la Belgique, pays d’immatriculation de Brussels Airlines, pourrait être un facteur déterminant.
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La nationalité des parents : Si les parents sont sénégalais, il est probable que la petite Fanta soit reconnue comme citoyenne du Sénégal.
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Les lois belges et internationales : La Belgique n’accorde pas automatiquement sa nationalité aux enfants nés dans un avion immatriculé sur son territoire, mais des exceptions peuvent exister en fonction des circonstances.
Dans l'imaginaire collectif, les enfants nés en vol sont parfois considérés comme des "citoyens du ciel", une appellation poétique mais sans valeur juridique. Toutefois, certaines compagnies aériennes réservent des privilèges à ces enfants exceptionnels : billets gratuits à vie, reconnaissance symbolique, ou encore possibilités de voyager avec un statut spécial.
La naissance en plein ciel de la petite Fanta met en évidence la complexité des lois de la nationalité dans un monde globalisé. Si les principes juridiques offrent des pistes de réponse, chaque cas demeure unique et soumis aux interprétations des législations nationales et internationales. Ce "miracle en plein ciel" soulève ainsi une question fascinante : et si, un jour, la reconnaissance d'une véritable citoyenneté mondiale devenait une réalité pour ces enfants nés entre les frontières du monde ?
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon