Ouagadougou – Après trois années d’ombre et de discrétion depuis sa chute du pouvoir le 24 janvier 2022, l’ex-président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a récemment fait une réapparition publique qui n’a manqué de susciter autant d’étonnement que d’émotion. Le lundi 17 février 2025, lors d’une cérémonie empreinte de solennité et organisée pour honorer le Secrétaire d’État du Souverain Pontife, le Cardinal Pietro Parolin, décoré à la Médaille d’Officier de l’Ordre de l’Étalon à titre honorifique, l’ancien tenant du Palais de Kosyam a daigné sortir de sa retraite volontaire.
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Un silence de trois ans brisé par un signal fort
Jadis figure emblématique de la scène politique nationale, Roch Kaboré s’était volontairement retiré de la vie publique et politique, préférant la discrétion à toute tentative de réapparition après son éviction brutale du pouvoir. Pendant près de trois ans, l’ex-président avait disparu des regards médiatiques et des débats publics, se retranchant dans une existence loin des feux de la rampe, sans bruit ni prétention de retour. Ce silence, perçu par beaucoup comme une renonciation à toute influence sur la destinée du Burkina Faso, est venu être brusquement interrompu par sa présence remarquée ce lundi, lors d’un événement d’une haute portée symbolique.
Une cérémonie au cœur de l’évangélisation burkinabè
La cérémonie en question, présidée par le ministre des Affaires étrangères, Karamako Jean Marie Traoré, s’inscrivait dans le cadre du jubilé marquant les 125 ans d’évangélisation au Burkina Faso. L’événement, auquel avait assisté une délégation d’invités de marque, incluait notamment la présence du Chef de la Diplomatie du Vatican, qui, par son déplacement, témoignait de l’importance accordée à cette célébration. La solennité de la cérémonie, dédiée à honorer le Cardinal Pietro Parolin – un proche collaborateur du Pape et figure influente de la diplomatie vaticane –, apportait un cadre exceptionnel et chargé de sens à la réapparition de l’ex-président.
Pour un homme longtemps associé à la vie politique burkinabè, ce retour sur le devant de la scène ne pouvait être que symbolique. Roch Kaboré, connu pour son attachement profond à la foi catholique, n’a pas voulu manquer l’occasion de prendre part à cette soirée en l’honneur d’un éminent serviteur du Saint-Siège. Sa présence s’inscrit dans une double logique : d’une part, elle réaffirme son attachement indéfectible à sa patrie, et d’autre part, elle témoigne de sa fidélité aux valeurs spirituelles et humanistes qui ont, jadis, guidé son action politique.
Un hommage chargé de significations
La cérémonie, dont le protocole rigoureux et le faste n’ont laissé aucun doute sur son importance, a permis de mettre en lumière plusieurs éléments symboliques. D’une part, l’invitation officielle transmise par le diplomate vaticanique incarnait une volonté de renforcer les liens entre le Burkina Faso et l’institution religieuse la plus influente au monde. D’autre part, la présence de Roch Kaboré – malgré son retrait volontaire de la vie politique – résonne comme un message fort : celui de l’attachement inébranlable d’un ancien chef d’État à sa patrie, malgré les vicissitudes du pouvoir et les turbulences de l’ère post-mandat.
Au-delà du cadre religieux, cette sortie marque un tournant dans la trajectoire personnelle et publique de Kaboré. S’il est vrai que son silence s’est imposé comme une forme de retrait et d’introspection, son retour dans une manifestation officielle montre qu’après le pouvoir, il reste possible de renouer avec le débat public et de contribuer, à sa manière, à la vie nationale. En se présentant à cette cérémonie, l’ex-président semble vouloir signifier que, malgré les épreuves et les revers politiques, l’esprit d’engagement civique et la volonté de servir la nation ne disparaissent pas avec la démission d’un mandat.
Une réapparition qui interpelle et inspire
La présence de Roch Kaboré a été accueillie avec une vive émotion par une partie de l’opinion publique et des observateurs politiques. Pour certains, il s’agit d’un signe que l’ex-président n’a jamais véritablement renoncé à son engagement pour le Burkina Faso, et qu’une reconsidération de son rôle dans la vie politique pourrait se profiler à l’horizon. Pour d’autres, c’est l’expression d’une simple fidélité à des valeurs religieuses et humaines, dans un pays où la tradition catholique demeure profondément ancrée.
Au-delà des interprétations politiques, cette réapparition soulève des questions sur le devenir des figures politiques déchues et sur leur capacité à réintégrer le débat public dans un contexte post-pouvoir. Dans l’arène burkinabè, où le passé se mêle souvent aux aspirations de l’avenir, la figure de Kaboré continue de susciter passion et controverses, à la fois pour ses réalisations et pour les séquelles de son éviction. Son choix de s’exprimer, même en marge de toute ambition politique immédiate, rappelle que la vie publique ne se résume pas uniquement à l’exercice du pouvoir, mais qu’elle peut également se nourrir de l’expérience et du témoignage d’un passé riche et complexe.
Les conséquences symboliques et politiques d’un retour
La réapparition de Roch Kaboré intervient à un moment charnière pour le Burkina Faso, un pays encore en quête de stabilité et de réconciliation après des années de turbulences politiques. L’événement, en plus d’honorer une figure du Vatican, permet de rappeler que les acteurs de l’histoire politique nationale continuent d’exercer une influence, même indirecte, sur les dynamiques sociales et politiques du pays. En sortant de l’ombre, Kaboré envoie un message aux acteurs de la scène politique actuelle : malgré la chute du pouvoir et les épreuves du temps, l’engagement et le patriotisme perdurent.
Pour la classe politique et pour les citoyens, ce geste peut être interprété comme une invitation à transcender les rivalités du passé et à œuvrer pour l’unité nationale. En effet, l’attachement à la foi et à la patrie, exprimé par l’ex-président lors de cette cérémonie, est un appel à redéfinir les contours d’un engagement citoyen qui, loin de se cantonner aux seuls mécanismes du pouvoir, embrasse également la dimension spirituelle et culturelle du vivre-ensemble.
Un regard sur l’avenir post-pouvoir
Si la sortie publique de Roch Kaboré marque une étape symbolique, elle ouvre également la voie à une réflexion plus large sur le rôle que peuvent jouer les anciens dirigeants dans le renouveau national. Dans de nombreux pays, les ex-chefs d’État, forts de leur expérience et de leur connaissance des rouages politiques, se retrouvent investis d’un pouvoir moral qui leur permet d’influencer les débats publics et de guider, par leurs conseils et leur témoignage, les nouvelles générations. Le cas de Kaboré, bien que particulier en raison de son retrait volontaire et de sa discrétion prolongée, pourrait s’inscrire dans cette dynamique de contribution au débat national sans pour autant chercher à revenir aux fonctions exécutives.
Cette réapparition pourrait également servir de catalyseur pour une réévaluation des parcours individuels dans la vie politique. Elle démontre que, malgré l’amertume des défaites et les revers du destin, l’histoire personnelle d’un homme politique ne se termine pas avec la chute du pouvoir. Au contraire, elle peut se transformer en un levier de dialogue, d’inspiration et de réconciliation, permettant à la société de tirer des leçons de son passé et de construire un avenir plus inclusif.
Conclusion : Une vie qui continue, un engagement qui perdure
En définitive, la sortie publique de Roch Marc Christian Kaboré ce lundi 17 février 2025 s’inscrit comme un moment de grande symbolique pour le Burkina Faso. Alors qu’il avait choisi de s’effacer du paysage politique après son éviction, sa présence à cette cérémonie en hommage au Cardinal Pietro Parolin témoigne de son attachement indéfectible à la foi catholique et à sa patrie. Ce geste, empreint de dignité et de retenue, envoie un message fort : même après la chute du pouvoir, la vie continue, et l’esprit d’engagement, nourri par des valeurs intemporelles, demeure.
Dans un pays en pleine mutation, marqué par les défis de la réconciliation et de la reconstruction, l’ex-président Kaboré offre ainsi un exemple de résilience et d’humanité. Sa réapparition rappelle que, malgré les épreuves du passé, il reste toujours possible de contribuer au dialogue national et de participer, même de manière discrète, à l’édification d’un avenir commun. Au-delà des clivages politiques, c’est l’espoir d’une nation unie qui se dessine, guidée par la sagesse des expériences passées et par la promesse d’un renouveau harmonieux.
Ce retour sur la scène publique, bien que modeste en apparence, revêt une dimension historique qui ne manquera pas d’alimenter les débats et de susciter des interrogations sur la place des figures politiques déchues dans le tissu social. Et, dans le silence retrouvé depuis 2022, la voix de Roch Kaboré, portée par son attachement à la foi et à la patrie, résonne à nouveau comme un écho lointain de la grandeur d’une époque révolue, tout en ouvrant la voie à une contribution future dans la construction du Burkina Faso de demain.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon