Dans le sillage d’une enquête rigoureuse menée par l’Autorité supérieure du contrôle de l’État et de lutte contre la corruption, une vingtaine de personnes se retrouvent désormais sous le feu de la justice pour des faits d’enrichissement illicite, de prise illégale d’intérêt et d’abus de fonction. Parmi les prévenus, deux anciens directeurs généraux et un ex directeur commercial se distinguent dans cette affaire qui jette une ombre inquiétante sur la gestion des parcelles immobilières dans la zone SONATUR de Ouaga 2000.
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Des accusations d’une gravité sans précédent
Soabou Diallo, ayant occupé le poste de Directeur Général de 2018 à 2020, est incriminé pour abus de fonction et prise illégale d’intérêt. Ses agissements font partie d’un ensemble de manœuvres destinées à détourner les règles de bonne gouvernance, mettant en péril l’intégrité des procédures administratives.
Goro Souaré, Directeur Général de 2020 à 2023, se trouve au cœur du scandale pour avoir perçu un surplus de 136 millions de FCFA lors de la vente de trois parcelles situées dans la zone SONATUR. Selon les révélations du journal en ligne Sira Info, les terrains en question auraient été cédés au-delà des prix homologués par la structure, permettant ainsi à l’ex-directeur général de s’approprier indûment la différence. Il a reconnu les faits et, confronté tant par le procureur que par le président du tribunal, a répondu de manière évasive lorsqu’il a été interrogé sur l’usage qui avait été fait de ce surplus. « J’ai aidé des gens », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’avait pas investi ces fonds dans l’immobilier, sans fournir de précisions quant à la destination exacte de cette somme, évoquant vaguement des « voyages » ou l’achat d’« habillement ».
Moussa Ki, quant à lui, ancien directeur commercial, est accusé d’avoir bénéficié indûment de 90 millions de FCFA dans le cadre de l’attribution d’une trentaine de parcelles. L’intéressé a, lui aussi, reconnu les faits qui lui sont reprochés, confirmant ainsi la tendance à la dérive observée au sein de ces hautes instances de gestion immobilière.
Une opération qui révèle les failles de la gouvernance
Le dossier, révélé par l’enquête de l’autorité compétente, met en exergue les pratiques inacceptables qui gangrènent la distribution des ressources immobilières dans la zone de Ouaga 2000. Il apparaît clairement que le montant destiné à revenir à la société a été dûment reversé ; c’est toutefois le surplus, évalué à 136 millions de FCFA issu de la vente de chacune des trois parcelles, qui soulève de vives interrogations quant à son affectation réelle.
Face à ces révélations, plusieurs autres prévenus attendent désormais dans le box des accusés pour répondre aux questions de la justice. Ce scandale, qui pourrait bien avoir des répercussions profondes sur la crédibilité des institutions, interpelle sur la nécessité de renforcer la transparence et la rigueur dans l’administration des affaires publiques.
Vers une redéfinition des normes éthiques
Alors que la procédure judiciaire se poursuit, le débat sur l’éthique et la transparence dans la gestion des biens publics prend une ampleur nouvelle. Les autorités judiciaires se doivent de démêler ce réseau d’abus et de prise illégale d’intérêt afin de rétablir la confiance dans les instances de gouvernance. Dans un contexte où la lutte contre la corruption demeure une priorité nationale, cette affaire illustre crûment les dérives qui peuvent survenir en l’absence d’un contrôle strict et d’une responsabilité assumée par les hauts responsables.
Le public, tout comme les acteurs institutionnels, reste attentif aux développements de ce dossier qui, par sa portée, pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre l’enrichissement illicite et l’impunité.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon