Ouagadougou, le 7 février 2025 – Dans une atmosphère empreinte de sérénité et de détermination, le dialogue Gouvernement-Syndicats, relancé après quatre longues années d’interruption, s’est achevé ce vendredi 7 février 2025. Cet entretien, initié le jeudi 6 février dernier, a rassemblé des représentants de l’État et des organisations syndicales afin d’aborder les enjeux cruciaux du monde du travail dans une optique de réforme et de modernisation.
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Une présentation rigueur et transparence sur les engagements passés
Sous la présidence de Monsieur Mathias Traoré, Ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale – agissant en qualité de représentant du Premier Ministre –, les travaux ont débuté par une présentation détaillée de l’état de mise en œuvre des engagements pris en 2015, 2016 et 2021. Madame Stella Sylviane Zoungrana/Somé, Directrice générale du travail, a exposé avec clarté les avancées et les difficultés rencontrées. Les organisations syndicales n’ont pas manqué de relever plusieurs points sensibles : l’absence de mise en œuvre d’une circulaire visant à garantir la représentation des syndicats devant la Cour de cassation, les problématiques liées au reversement de certains agents de la fonction publique dans le statut général, ainsi que les mesures controversées appliquées aux travailleurs des garderies populaires, où le Gouvernement a opté pour le versement d’une indemnisation partielle au lieu de procéder à la reconstitution de carrière escomptée.
D’autres interrogations ont également été soulevées, notamment concernant la non-implication de l’UAS dans l’examen des structures tarifaires des hydrocarbures et la révision du dispositif encadrant les tarifs des transports terrestres. Face à ces observations, l’exécutif a affirmé prendre acte de chacune d’elles, promettant un examen approfondi par le comité technique de suivi.
Des engagements nouveaux pour un avenir prospère
La seconde phase des échanges s’est articulée autour de l’examen des réponses apportées par le Gouvernement au cahier de doléances daté du 1ᵉʳ mai 2022. Dans un souci manifeste de répondre aux attentes des partenaires sociaux, les autorités se sont engagées sur plusieurs dossiers majeurs. Parmi ceux-ci, figure la poursuite du processus de ratification des conventions 181 et 189 de l’OIT, relatives respectivement aux agences d’emploi privées et au travail domestique, ainsi que la finalisation imminente du projet de loi portant Code du travail. Par ailleurs, l’exécutif s’est engagé à faciliter l’implémentation du système de « check off » en transmettant aux syndicats le formulaire type de demande de cession volontaire de salaire.
D’autres réformes importantes ont également été évoquées, telles que la relecture de la loi N°033-2008/AN relative aux emplois et aux agents des Entreprises Publiques d’Économie (EPE), l’examen du classement indiciaire des chauffeurs en catégorie D lors de la révision du Répertoire Interministériel des Métiers de l’État (RIME), ainsi que la relecture de la loi portant liberté d’association. Ces engagements traduisent une volonté claire de l’exécutif d’instaurer une dynamique de réformes structurelles en matière de droit du travail.
Des échanges vifs et concrets sur les divers enjeux sociaux
Au-delà des questions législatives et réglementaires, le dialogue a permis d’aborder une série de préoccupations diversifiées. Les représentants syndicaux ont dénoncé les insuffisances du dialogue social, pointant notamment du doigt de nombreuses correspondances restées sans réponse de la part de l’UAS et des décisions prises sans concertation. Ils ont également évoqué la situation préoccupante du Secrétaire général de la CGTB, les conditions de retour des travailleurs dans les zones à risque, la suspension inexplicable de la délivrance des récépissés syndicaux ainsi que l’implémentation unilatérale de l’Assurance Maladie Universelle (AMU).
Par ailleurs, la question de la vie chère, la baisse du pouvoir d’achat, et l’adoption sans concertation d’une nouvelle grille salariale dans les sociétés d’État et établissements publics de prévoyance sociale ont suscité de vives inquiétudes. La problématique de l’avancement de classe, conformément à l’article 90 du Statut général de la fonction publique, et la revalorisation des pensions des travailleurs retraités n’ont pas échappé à la vigilance des partenaires sociaux.
Un esprit de coopération pour une paix sociale durable
Au terme de ces échanges riches et nuancés, tant le Gouvernement que les organisations syndicales se sont félicités de l’ambiance cordiale et sereine qui a régné tout au long des travaux. L’issue de cette rencontre historique témoigne d’une volonté partagée de renforcer le dialogue social, pierre angulaire d’une paix sociale durable au Burkina Faso. Alors que les défis restent nombreux, ce dialogue renouvelé augure d’un futur où concertation et engagement mutuel pourraient bien ouvrir la voie à des réformes structurelles profondes, au bénéfice de l’ensemble des travailleurs et de la nation.
En ce jour symbolique, Ouagadougou a de nouveau vibré au rythme d’un dialogue authentique, plaçant le débat social au cœur des priorités nationales et marquant ainsi un tournant décisif pour le monde du travail au Burkina Faso.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon