Ghana et Cédéao : Vers une réconciliation régionale exemplaire et une stratégie renouvelée pour l’avenir

Accra, le 27 février 2025 – Dans un contexte régional marqué par des tensions diplomatiques et des interrogations sur l’appartenance de certains États à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), le président ghanéen John Dramani Mahama a ouvert un nouveau chapitre de dialogue et de réconciliation. Lors d’une audience solennelle à Jubilee House, le 26 février 2025, Mahama a reçu le président de la Commission de la Cédéao, Dr Omar Alieu Touray, dans le but d’aborder les défis actuels et de dessiner ensemble les contours d’une coopération renouvelée et résiliente au sein de l’organisation régionale.

John Dramani Mahama a reçu le président de la Commission de la Cédéao

Une rencontre aux enjeux multiples

Le point central des discussions a porté sur la perspective inquiétante du retrait du Burkina Faso, du Niger et du Mali de la Cédéao. Cette éventualité, symptomatique de différends persistants et de tensions diplomatiques, s’inscrit dans un contexte de crise de gouvernance et d’intégration qui inquiète la région tout entière. Néanmoins, loin de se laisser abattre par les incertitudes, les protagonistes ont engagé un dialogue constructif, envisageant l’élaboration d’un plan de contingence rigoureux destiné à apaiser les divergences et à renforcer la cohésion entre les États membres.

Le soutien indéfectible du Ghana

Pour le président Mahama, cette réunion revêtait une importance cruciale dans le réajustement des équilibres régionaux. Fort de son engagement personnel en faveur de la réconciliation, il a réitéré le soutien sans faille du Ghana à l’organisation, tout en soulignant l’importance d’un dialogue ouvert avec les trois pays de l’AES – entité regroupant le Burkina Faso, le Niger et le Mali – pour restaurer la stabilité et promouvoir la paix dans la région. « Le Ghana maintient son plein soutien à la Cédéao et encourage la poursuite du dialogue avec nos partenaires sahéliens afin de bâtir ensemble une région unie, pacifique et prospère », a affirmé Mahama avec une détermination empreinte d’optimisme.

Une diplomatie proactive et un héritage en devenir

La visite de Dr Omar Alieu Touray s’inscrit dans la continuité d’une politique régionale résolument proactive. Dès son investiture, le président Mahama a fait preuve d’une volonté stratégique en nommant, en janvier 2025, un envoyé spécial pour la Confédération des États du Sahel. Cette nomination, assortie d’une série d’autres mesures diplomatiques, visait à repositionner le Ghana comme un acteur incontournable dans le renouveau du dialogue ouest-africain. La démarche d’ouverture du président ghanéen se traduit également par la mission confiée à Larry Gbevlo-Lartey, envoyé spécial pour l’Alliance des États sahéliens, illustrant ainsi une volonté de rapprocher les États de l’AES de la sphère d’influence de la Cédéao.

Par ailleurs, le choix de convier en haut lieu les représentants des trois pays concernés témoigne d’une diplomatie inclusive et d’une volonté d’éliminer les malentendus accumulés ces dernières années. Le président burkinabè, Ibrahim Traoré, a d’ailleurs honoré de sa présence la cérémonie, marquant ainsi son premier déplacement officiel au Ghana depuis son accession au pouvoir en 2022. Pour le Niger et le Mali, représentés respectivement par le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine et le général Abdoulaye Maïga, il s’agissait d’un geste fort symbolisant la nécessité d’un dialogue renouvelé et constructif.

Des stratégies à l’épreuve des défis contemporains

Au-delà des questions bilatérales, la réunion a abordé des thématiques d’envergure régionale. Outre la problématique du retrait potentiel des trois pays, les interlocuteurs ont évoqué la préparation du 50ème anniversaire de la Cédéao et les prémices d’un Sommet spécial sur l’avenir de la région. Ces initiatives témoignent d’une ambition collective de repenser les mécanismes de gouvernance et de renforcer l’intégration économique, dans un monde en perpétuelle mutation.

Les discussions ont également mis en lumière l’urgence de repositionner la Cédéao face aux réalités géopolitiques actuelles. Dans un contexte marqué par la volatilité des relations internationales et les défis liés à la sécurité, les dirigeants ouest-africains se doivent d’adopter une approche stratégique à la fois souple et résolument tournée vers l’avenir. Le plan de contingence en cours d’élaboration vise précisément à anticiper les risques et à consolider les acquis en matière de gouvernance régionale.

Perspectives et ambitions pour l’avenir

Si l’incertitude plane encore sur la question de l’appartenance des trois pays de l’AES à la Cédéao, la rencontre entre John Dramani Mahama et Dr Omar Alieu Touray constitue un signal fort de la volonté de surmonter les divergences. Loin de se résigner face aux obstacles, le Ghana, par son engagement diplomatique constant, ambitionne de devenir le fer de lance d’un renouveau régional. En réaffirmant son attachement aux principes de solidarité, de stabilité et d’intégration, Mahama entend faire de la Cédéao un espace de coopération exemplaire, capable de résister aux turbulences géopolitiques.

Le dialogue ouvert, la formulation d’une stratégie commune et la mise en place de plans d’action concrets laissent présager des évolutions positives pour l’avenir de l’organisation. Les célébrations du cinquantenaire et l’organisation du Sommet spécial sur l’avenir de la région représentent des occasions stratégiques pour revitaliser la Cédéao et pour projeter l’ensemble des États membres vers une ère de prospérité et de stabilité retrouvée.

Conclusion : Un tournant décisif pour l’intégration ouest-africaine

La rencontre à Jubilee House marque ainsi un tournant décisif dans la gestion des crises internes et dans la réaffirmation des ambitions régionales. Tandis que la question du retrait du Burkina Faso, du Niger et du Mali demeure au cœur des préoccupations, les engagements pris par le Ghana et ses partenaires témoignent d’une volonté commune de transformer les défis en opportunités. Dans un climat diplomatique à la fois tendu et porteur d’espoir, l’avenir de la Cédéao et celui de la région reposent désormais sur la capacité de ses dirigeants à conjuguer ambition, pragmatisme et esprit de coopération.

En définitive, ce nouvel élan diplomatique pourrait bien marquer le début d’une ère de renaissance pour la Cédéao, où les divergences d’hier laissent place aux partenariats de demain, au service d’une intégration régionale renforcée et d’un avenir pacifique pour l’Afrique de l’Ouest.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon