L’intelligence artificielle au cœur des enjeux africains : Le Maroc impulse une dynamique stratégique au sein du CPS-UA

Ce jeudi, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine (CPS-UA), sous présidence marocaine pour le mois de mars, tient une réunion de haut niveau en visioconférence. Convoquée sous l’égide du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, cette session stratégique a pour ambition d’examiner les implications de l’intelligence artificielle (IA) sur la stabilité, la gouvernance et la sécurité du continent.

Le Conseil Paix et Sécurité de l’Union Africaine (CPS)

Dans un contexte où l’IA bouleverse en profondeur les structures économiques, sociales et sécuritaires à l’échelle mondiale, l’Afrique ne peut demeurer en marge de cette transformation. Si cette technologie recèle un potentiel indéniable pour le développement, elle suscite également des interrogations majeures en matière d’encadrement, de régulation et d’usage à des fins sécuritaires.

Un leadership marocain affirmé dans la gouvernance numérique

Le Maroc s’impose progressivement comme un acteur clé dans la réflexion mondiale sur l’IA. En témoigne son rôle central dans l’adoption, en mars 2024, de la première résolution onusienne sur l’intelligence artificielle. Coparrainé par Rabat et Washington, ce texte intitulé « Saisir les opportunités de systèmes d’intelligence artificielle sûrs, sécurisés et fiables pour le développement » a recueilli l’adhésion de 123 États membres des Nations Unies.

Cette dynamique s’est poursuivie avec l’organisation du Forum de haut niveau sur l’intelligence artificielle en Afrique, en juin 2024 à Rabat, sous l’égide de l’UNESCO. Réunissant des délégations de plus de 30 pays, dont une quinzaine d’États africains, cet événement a permis de poser les jalons d’une stratégie continentale concertée sur l’IA.

Une vision stratégique adossée à des piliers solides

Conscient des enjeux technologiques et géopolitiques liés à l’intelligence artificielle, le Maroc a structuré son approche autour de plusieurs axes majeurs :

- Une stratégie nationale ambitieuse : Inscrite dans le cadre du plan Maroc Digital 2025, cette feuille de route vise à positionner le Royaume comme un hub technologique en Afrique.

- Un investissement massif dans la formation et la recherche : Les universités marocaines, à l’instar de l’Université Mohammed VI Polytechnique, développent des cursus spécialisés, et des centres de recherche de pointe comme AI Movement voient le jour.

- Un écosystème propice aux startups et à l’innovation : À travers des initiatives telles que Startup Maroc, le pays soutient l’émergence de solutions locales en matière d’IA.

- Le développement de projets concrets : De la création de smart cities à l’optimisation des infrastructures urbaines, Rabat mise sur une intégration transversale de l’IA dans ses politiques publiques.

- Un essor numérique fulgurant : En 2024, le Maroc a grimpé de 11 places dans le Global Digitalization Index, traduisant sa montée en puissance dans l’économie numérique mondiale.

L’IA, catalyseur du développement et de la sécurité en Afrique

Au-delà de l’aspect purement économique, l’intelligence artificielle est perçue comme un levier stratégique pour accélérer la modernisation du continent africain. Son application dans des secteurs clés tels que la gestion des ressources naturelles, la dématérialisation des services publics et la cybersécurité pourrait transformer profondément les dynamiques de gouvernance.

Cependant, l’essor de ces technologies n’est pas exempt de risques : vulnérabilité accrue aux cyberattaques, dérives liées à la surveillance numérique ou encore fracture numérique entre États aux capacités inégales. C’est dans ce cadre que le CPS-UA entend engager une réflexion approfondie afin d’élaborer une approche concertée et inclusive de l’IA à l’échelle africaine.

Le Maroc en fer de lance d’une Afrique numérique souveraine

À travers son leadership affirmé dans les instances internationales et ses investissements stratégiques, le Maroc se positionne en éclaireur sur les questions liées à l’intelligence artificielle en Afrique. La réunion du CPS-UA de ce jeudi marque ainsi une étape clé dans l’élaboration d’une vision commune, à même d’assurer un développement numérique sécurisé et durable pour l’ensemble du continent.

Dans un monde de plus en plus interconnecté, l’Afrique ne saurait rester spectatrice de la révolution technologique en cours. Avec l’impulsion du Maroc, elle pourrait au contraire s’ériger en acteur majeur de l’intelligence artificielle, en conjuguant innovation, souveraineté et sécurité au service de son essor.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon