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RADIO TANKONNON

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La révolution africaine ne sera pas télévisée

Publié par RADIO TAN KONNON sur 28 Septembre 2025, 17:07pm

Catégories : #ACTUALITE

« La révolution africaine ne sera pas télévisée. » Cette affirmation peut surprendre, dans un monde saturé d’images où chaque mobilisation, chaque révolte, chaque contestation se mesure à l’aune de sa visibilité médiatique. Pourtant, l’Afrique vit bel et bien une révolution, mais une révolution silencieuse, souterraine, presque invisible. Elle ne s’exprime ni dans le fracas des armes ni dans les flamboyances de la rue, mais dans le travail obstiné de ses peuples : agriculteurs, entrepreneurs, enseignants, artistes, militants.

REVOLUTIONNAIRES AFRICAINS
REVOLUTIONNAIRES AFRICAINS

L’héritage d’un rêve inachevé

Cette révolution est l’héritière des promesses incomplètes des grandes figures panafricaines. Kwame Nkrumah voyait dans l’indépendance du Ghana en 1957 un simple prélude à l’unité continentale. Thomas Sankara proclamait, au Burkina Faso, que l’émancipation politique n’avait de sens que si elle s’accompagnait d’une autosuffisance alimentaire et d’une justice sociale. Frantz Fanon, dans Les Damnés de la Terre, rappelait que la libération politique resterait stérile sans une transformation économique et culturelle profonde.

Ces rêves ont été interrompus par les coups d’État, les ingérences extérieures et les contradictions internes. Mais ils n’ont pas disparu. Ils s’incarnent aujourd’hui dans une révolution moins spectaculaire, mais plus enracinée.

Une révolution du quotidien

Le premier acteur de cette révolution est l’agriculteur. Sur un continent qui importe encore massivement ses denrées alimentaires, la reconquête de la souveraineté passe par la terre. Chaque champ régénéré au Sahel, chaque culture locale valorisée en Afrique de l’Ouest, chaque innovation agroécologique en Afrique de l’Est est un acte révolutionnaire.

À ses côtés, l’entrepreneur africain invente des modèles économiques adaptés. Des start-up numériques de Lagos aux ateliers textiles d’Abidjan, des plateformes logistiques de Nairobi aux initiatives solaires de Dakar, une nouvelle génération bâtit une économie moins dépendante des capitaux étrangers et plus tournée vers la création de valeur locale.

L’enseignant, dans sa salle de classe parfois délabrée, accomplit un travail tout aussi déterminant. Former des générations instruites, conscientes et critiques, c’est préparer le socle humain d’une Afrique autonome.

Et l’artiste, par ses chansons, ses films, ses toiles, ses poèmes, donne à cette révolution son âme. Nollywood rivalise déjà avec Hollywood en volume de production ; l’afrobeat et la littérature africaine nourrissent un imaginaire de fierté et de dignité qui fédère le continent.

Enfin, le militant – souvent incompris, parfois réprimé – veille à ce que cette révolution ne soit pas confisquée. Il se bat pour la transparence, la justice sociale, la protection de l’environnement. Sans lui, l’énergie des autres acteurs risquerait d’être détournée ou récupérée.

Comparaisons et perspectives

L’Afrique ne part pas de rien. Dans les années 1960, plusieurs pays d’Asie de l’Est – Singapour, Corée du Sud, Taïwan – étaient plus pauvres que la plupart des pays africains. Leur essor s’est appuyé sur trois piliers : l’éducation, l’industrialisation progressive et des élites patriotiques capables de tenir tête aux pressions extérieures.

L’Afrique, aujourd’hui, semble engagée dans une trajectoire comparable. Certes, les obstacles sont nombreux : insécurité persistante, gouvernance fragile, dépendance financière. Mais les dynamiques en cours – croissance démographique, urbanisation rapide, transition numérique, intégration régionale – peuvent constituer les fondations d’un renversement historique.

Un cri qui doit résonner

« Levons-nous et revendiquons la place qui nous revient de droit. » Ce cri n’est pas celui d’une foule insurgée, mais d’un continent en marche. Il traverse déjà les marchés de Lagos, les villages du Sahel, les campus de Dakar, les quartiers populaires de Kinshasa. Il exprime une exigence de dignité, d’unité et de souveraineté.

La révolution africaine ne sera pas télévisée parce qu’elle ne se réduit pas à une image fugace, mais qu’elle s’écrit dans le temps long. Elle ne sera pas un événement spectaculaire, mais un processus cumulatif. Et lorsqu’elle aura atteint sa maturité, ce ne sera pas une rupture soudaine, mais une évidence : l’Afrique, longtemps considérée comme périphérie, sera devenue centre.

Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon 

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