Ouagadougou, 26 septembre 2025 – Dans l’allée centrale du Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (SITHO), un attroupement attire les regards. Le stand de la région du Djôrô ne se contente pas d’exposer des objets : il raconte une histoire. Celle d’un peuple qui a choisi, pour cette 15ᵉ édition placée sous le thème « Tourisme et intégration des peuples du Sahel », de présenter son âme à travers l’artisanat, la place de la femme et des pratiques culturelles ancestrales.
Une immersion dès l’entrée
À l’approche du stand, une odeur subtile d’argile humide flotte dans l’air. Des poteries soigneusement alignées captent la lumière des projecteurs, leurs teintes brunes et rouges contrastant avec la paille dorée des paniers de vannerie. Une femme, courbée sur son ouvrage, tresse habilement un plateau. Ses gestes sont rapides, précis, hérités d’un savoir-faire séculaire. Les visiteurs s’arrêtent, intrigués, certains sortent leurs téléphones pour immortaliser la scène.
« Vous voyez, chaque fibre a son rôle, chaque motif raconte quelque chose », glisse un guide, sourire aux lèvres. À quelques pas, un homme présente des sculptures aux traits fins, inspirées de la mémoire guerrière du peuple lobi. L’une d’elles, représentant un guerrier armé d’une lance, suscite de nombreux commentaires.
La femme, gardienne des traditions
Le président de l’association des guides de la région, Bebe Kambou, prend la parole face à un petit groupe. Sa voix est posée, claire :
« Nous avons voulu montrer la centralité de la femme dans notre société. C’est elle qui transforme le coton, qui modèle la poterie, qui prépare les repas sur ces plateaux traditionnels. Sans elle, nos traditions ne survivraient pas. »
Les visiteurs hochent la tête. Une dame d’une cinquantaine d’années, visiblement émue, confie : « C’est beau de voir qu’ailleurs aussi, on reconnaît la valeur de la femme. »
Des rites qui intriguent
Sur un panneau visuel, des images racontent l’initiation au « Djôrô », cérémonie unique organisée tous les sept ans. De jeunes garçons, vêtus de pagnes blancs, y reçoivent les enseignements des anciens, au cœur d’un bois sacré. La foule s’approche, intriguée. Un étudiant prend des notes.
Un autre panneau évoque la tradition dite de « l’interrogation du corps », ou encore la taille des dents après l’initiation. « Ce sont des symboles de passage, de force, d’appartenance », explique un guide.
Les plus jeunes visiteurs écarquillent les yeux. Certains découvrent pour la première fois ces pratiques, d’autres, originaires du Sahel, y retrouvent des échos de leurs propres cultures.
Une curiosité grandissante
Bien que ce soit un jour ouvrable, la fréquentation est soutenue. Un groupe de touristes européens, accompagné de leur guide, s’attarde longuement devant les peintures traditionnelles. « C’est fascinant, ça change des clichés qu’on a parfois de l’Afrique. Ici, on ressent la profondeur d’une culture », confie l’un d’eux.
Un peu plus loin, deux jeunes élèves burkinabè discutent à voix basse : « Tu as vu comment ils font les plateaux pour les beignets ? » – « Oui, ma grand-mère en a un qui lui vient de sa mère. »
Un premier bilan positif
À la fin de la journée, Bebe Kambou dresse un constat encourageant :
« Nos impressions sont très bonnes. Il y a déjà de la curiosité et beaucoup de questions. Nous espérons une forte affluence en fin de semaine, surtout avec le week-end qui arrive. »
Il conclut sur une note d’optimisme : « Le patrimoine que nous montrons ici n’est pas seulement pour être admiré. Il doit être compris, respecté et transmis. C’est cela qui fait la force de notre région. »
Le Djôrô, une mémoire vivante au service du futur
À travers ce stand, le Djôrô a su transformer un espace d’exposition en une véritable scène vivante, où se croisent artisans, visiteurs, curieux et passionnés. Au-delà de l’esthétique des objets, c’est tout un mode de vie qui a été révélé, entre rites, artisanat et valeurs sociales.
Le SITHO 2025, qui se poursuivra jusqu’au 28 septembre, apparaît ainsi non seulement comme une vitrine touristique, mais comme un lieu de dialogue entre les peuples. Et la région du Djôrô, par son authenticité et son audace, y occupe déjà une place de choix.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon