Timperba, Commune de Niangoloko – Septembre 2025. Depuis près d’un mois, les habitants du village de Timperba se sont engagés dans une initiative collective remarquable : la réhabilitation de la route reliant Yendéré et Timperba à Mangodara, un axe vital pour la mobilité des personnes, l’écoulement des produits agricoles et la sécurité des villages environnants. Cette mobilisation, portée par l’esprit communautaire, s’inscrit dans le cadre de l’Initiative Présidentielle pour le Développement Communautaire, qui a doté la mairie de Niangoloko de tricycles désormais mis au service des populations.
Une route stratégique mais dégradée
L’axe reliant Yendéré et Timperba à Mangodara est depuis longtemps en piteux état. Crevasses profondes, bourbiers en saison pluvieuse et poussière abondante en saison sèche rendaient les déplacements pénibles, voire dangereux. Pour les populations rurales, cette route n’est pas qu’un simple tracé : elle constitue une artère vitale reliant les villages aux marchés, aux centres de santé et aux services administratifs.
Face à cette dégradation avancée et à l’absence de solutions immédiates de la part de l’État central, les habitants de Timperba ont décidé de prendre leur destin en main.
Une organisation communautaire exemplaire
L’élément déclencheur fut l’octroi par la mairie de Niangoloko de plusieurs tricycles dans le cadre de l’Initiative Présidentielle pour le Développement Communautaire. Ces engins, initialement destinés à faciliter les activités économiques et sociales, ont été détournés à bon escient vers les travaux de réhabilitation.
« Ce dimanche 21 septembre 2025, nous avons constaté qu’il y a eu une réorganisation qui permettra à chaque quartier du village de passer à son tour jusqu’à la fin des travaux », a confié l’un des participants. Cette rotation, pensée collectivement, garantit la participation équitable de tous et assure la continuité du chantier.
Concrètement, les habitants se relaient pour transporter du gravier, aplanir les surfaces, combler les nids-de-poule et dégager les bas-côtés. Femmes, jeunes et anciens s’impliquent selon leurs moyens : certains manipulent les tricycles, d’autres fournissent l’eau, la nourriture ou simplement leurs bras.
L’effet catalyseur des tricycles
La mise à disposition des tricycles a transformé le rythme des travaux. Là où il fallait auparavant plusieurs jours pour transporter des matériaux avec des charrettes, les engins permettent désormais un acheminement plus rapide et plus efficace. « Nous avons pu accélérer le chantier, ce qui a redonné espoir aux habitants », explique un membre du comité local.
Cette innovation logistique illustre la manière dont de simples outils, lorsqu’ils sont bien utilisés, peuvent changer la dynamique d’une communauté.
Une action citoyenne porteuse d’enjeux
Au-delà du seul confort de circulation, la réhabilitation de la route revêt des enjeux plus larges. L’isolement des villages est un facteur aggravant de l’insécurité : les populations enclavées deviennent plus vulnérables aux menaces terroristes et aux trafics illicites. En désenclavant leur territoire, les habitants de Timperba affirment leur volonté de résister à ces risques.
De plus, l’amélioration des voies de communication favorise la commercialisation des produits agricoles – maïs, igname, coton – qui constituent l’essentiel des revenus des familles. Elle facilite également l’accès aux structures sanitaires, particulièrement crucial en cas d’urgence.
Une dynamique à encourager
Les observateurs locaux saluent cette mobilisation citoyenne comme un modèle de résilience communautaire. Loin de céder au fatalisme, les populations de Timperba démontrent qu’elles peuvent se prendre en charge et compléter l’action publique.
La mairie de Niangoloko, de son côté, se félicite de l’usage judicieux des tricycles offerts dans le cadre de l’Initiative présidentielle. « Ces actions montrent que lorsque l’État accompagne les communautés avec des moyens adaptés, elles trouvent elles-mêmes les solutions pour améliorer leur quotidien », a confié un représentant municipal.
Une leçon de solidarité
Timperba offre ainsi une leçon précieuse : celle d’une communauté qui, face à l’urgence, mise sur la solidarité et l’organisation collective pour transformer son environnement. Chaque quartier, chaque famille, chaque individu est impliqué dans un effort partagé qui transcende les clivages.
À terme, la route entre Yendéré, Timperba et Mangodara devrait retrouver sa praticabilité, au bénéfice de tous. Mais déjà, au-delà de l’infrastructure, c’est l’esprit citoyen qui sort renforcé de cette initiative.
Une expérience inspirante
Ce chantier communautaire illustre la capacité des villages ruraux à s’organiser pour répondre à leurs propres besoins, en s’appuyant sur des ressources modestes mais bien gérées. Dans un contexte national où les défis de développement et de sécurité sont immenses, l’exemple de Timperba résonne comme un message d’espoir : celui d’un peuple qui refuse l’attente et choisit l’action.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon