Libreville, 1 octobre 2025 — Un an après le coup d’État militaire qui a mis fin à 55 ans de règne de la famille Bongo, le Gabon tourne une nouvelle page de sa vie politique. Selon les résultats provisoires publiés par le ministère de l’Intérieur, le parti du chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, est arrivé largement en tête du premier tour des élections législatives — les premières organisées depuis la transition.
Une victoire nette pour l’Union démocratique des bâtisseurs
L’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), formation fondée en juillet dernier par le président Oligui Nguema, a obtenu 55 sièges sur les 145 à pourvoir à l’Assemblée nationale. L’ancien parti dominant, le Parti démocratique gabonais (PDG) d’Ali Bongo Ondimba, n’a remporté que trois sièges, marquant ainsi un effondrement historique de la formation qui régnait sans partage sur la vie politique gabonaise depuis plus d’un demi-siècle.
Un second tour, prévu pour le 11 octobre, se tiendra dans 77 circonscriptions. La majorité des duels opposeront les candidats de l’UDB à ceux du PDG, tandis que plusieurs indépendants et petits partis tenteront de jouer les arbitres dans certaines localités stratégiques.
Un scrutin sous le signe du retour à l’ordre constitutionnel
Ces élections marquent une étape clé du processus de transition entamé après la prise du pouvoir par le général Oligui Nguema le 30 août 2023. Le pays est désormais régi par une nouvelle Constitution, adoptée par référendum en 2024, qui renforce les prérogatives présidentielles tout en limitant le pouvoir du Parlement, désormais privé de la possibilité de renverser le gouvernement.
Ce cadre institutionnel rénové vise, selon les autorités, à « consolider la stabilité politique et administrative du pays », mais il est perçu par certains observateurs comme une recentralisation du pouvoir exécutif autour du chef de l’État.
Une participation encadrée et un scrutin globalement apaisé
Le scrutin, organisé sous haute surveillance des forces de défense et de sécurité, s’est déroulé dans le calme selon le ministère de l’Intérieur et la mission électorale de la société civile, qui ont salué une organisation jugée “globalement satisfaisante”.
Quelques irrégularités techniques ont toutefois été signalées dans certaines circonscriptions rurales.
L’opposition, quant à elle, continue de critiquer le nouveau code électoral, adopté en amont du scrutin. Ce texte, selon elle, facilite la participation des militaires à la vie politique, ouvrant la voie à des candidatures issues directement de l’armée — à l’image du président Oligui Nguema lui-même, élu lors de la présidentielle d’avril 2025.
Prochaines étapes et perspectives
La Cour constitutionnelle demeure saisissable jusqu’au 8 octobre pour tout recours ou contestation portant sur les résultats provisoires. Ce n’est qu’après cette date que la liste définitive des élus du premier tour sera validée.
Pour de nombreux analystes, ces législatives constituent une épreuve de légitimité pour le régime de transition.
« L’UDB, par son implantation rapide et son score, confirme le poids politique du président Oligui Nguema. Reste à savoir si cette victoire électorale s’accompagnera d’une véritable ouverture démocratique », commente un politologue de Libreville.
À l’aube de ce nouveau chapitre, le Gabon poursuit ainsi sa marche prudente vers un ordre institutionnel renouvelé, sous le regard attentif de la communauté régionale et internationale.
Rédaction : Radio Tankonnon / Libreville Correspondance spéciale