Mogadiscio, 4 octobre 2025 — La capitale somalienne a été secouée samedi par de violentes explosions et des échanges nourris de tirs aux abords du palais présidentiel, après une attaque d’envergure visant la prison de haute sécurité de Godka Jilacow, située dans le quartier central de Bondhere.
Selon plusieurs témoins, des colonnes de fumée se sont élevées dans le ciel de Mogadiscio tandis que les forces de sécurité tentaient de repousser les assaillants. « Nous avons vraiment peur. La ville était calme depuis des mois, mais maintenant tout le monde est à nouveau inquiet », a confié une habitante, Hibo Mohamed, jointe par téléphone.
Le groupe islamiste Al-Shabab, affilié à Al-Qaïda, a revendiqué l’attaque, affirmant avoir libéré plusieurs prisonniers. Les médias d’État rapportent toutefois que les forces somaliennes ont réussi à contenir l’assaut et à neutraliser plusieurs militants. D’après les premières informations, les assaillants auraient utilisé un véhicule camouflé aux couleurs de l’unité régionale de renseignement pour pénétrer dans le périmètre sécurisé avant d’ouvrir le feu.
La prison de Godka Jilacow, qui abrite également le siège du renseignement régional, avait déjà été prise pour cible en 2014 dans une attaque similaire. À l’époque, une douzaine de personnes avaient trouvé la mort après l’explosion d’une voiture piégée et l’assaut d’un commando d’Al-Shabab.
Cette nouvelle attaque intervient dans un contexte particulier : quelques heures auparavant, le gouvernement fédéral avait levé plusieurs barrages routiers installés depuis des années à Mogadiscio pour sécuriser les sites stratégiques. Si cette décision visait à fluidifier la circulation et à redonner vie au commerce local, elle pourrait avoir facilité les mouvements des assaillants, selon certains observateurs.
Les forces de sécurité ont rapidement bouclé toutes les voies d’accès au secteur, tandis que les ambulances se pressaient sur les lieux de l’explosion. Le bilan exact reste encore inconnu en début de soirée.
Les autorités somaliennes n’ont pas encore officiellement commenté l’incident. Les appels et messages adressés aux responsables du ministère de la Sécurité intérieure sont restés sans réponse.
Après plusieurs mois d’accalmie relative, cette attaque rappelle la fragilité de la stabilité retrouvée dans la capitale somalienne. Les forces gouvernementales, appuyées par les milices locales et les troupes de la Mission de l’Union africaine en Somalie, avaient pourtant réussi à repousser Al-Shabab de plusieurs bastions dans le centre et le sud du pays.
Mais le groupe islamiste, toujours bien implanté dans certaines zones rurales, semble déterminé à rappeler sa capacité de nuisance au cœur même du pouvoir somalien.
Saidicus Leberger
Pour Radio Tankonnon