La Cedeao dépêche une délégation diplomatique au Togo pour évaluer les tensions politiques avant les élections

CEDEAO

Dans le sillage d'une atmosphère politique tendue au Togo, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) dépêche une délégation diplomatique vers ce pays à partir du lundi prochain. Cette initiative survient dans un contexte marqué par l'adoption controversée d'une nouvelle Constitution fin mars par les députés togolais, suscitant des vives préoccupations tant au niveau national qu'international.

La mission, conçue pour interagir avec les acteurs clés du pays, est programmée en amont des élections législatives et régionales prévues pour le 29 avril 2024. Le but de cette démarche réside dans la quête d'une compréhension exhaustive des développements récents en vue de faciliter un processus électoral équitable et transparent.

La délégation exploratoire, composée de sept membres éminents, est sous la houlette de Maman Sambo Sidikou, figure éminente jouissant d'une expérience avérée, notamment en tant qu'ancien chef de la mission de l'Union africaine au Mali et au Sahel. La Cedeao a souligné que cette mission, fruit d'une invitation émanant du gouvernement togolais, s'inscrit dans une démarche constructive de dialogue et de compréhension mutuelle.

Le ferment des tensions actuelles réside dans l'adoption par les députés togolais d'un projet de nouvelle Constitution, projet visant à transformer le régime présidentiel en un régime parlementaire. Cette évolution institutionnelle a suscité des réactions exacerbées au sein de la classe politique et de la société civile, notamment quant à ses implications sur la stabilité politique et les mécanismes de gouvernance.

Le principal point de discorde réside dans le processus de désignation du président, désormais prévu "sans débat" par le Parlement en session conjointe, pour un mandat unique de six ans. Cette disposition, ainsi que la création d'un poste de "président du Conseil des ministres" en charge des fonctions régaliennes, ont cristallisé les inquiétudes et les contestations au sein de l'opposition togolaise.

L'opposition, privée de moyens d'expression publique en raison de l'interdiction des manifestations sur la voie publique depuis 2022, trouve dans les élections législatives et régionales une tribune pour exprimer son mécontentement et son désaccord face aux récents développements politiques et législatifs.

Actuellement, l'Assemblée nationale est largement dominée par le parti au pouvoir, l'Union pour la République (UNIR), les principaux partis d'opposition ayant boycotté les élections législatives de 2018. Cette configuration renforce les tensions politiques et soulève des interrogations quant à la crédibilité et à l'équité du processus électoral à venir.

Le président Faure Gnassingbé, successeur de son père qui a dirigé le pays pendant près de 38 ans, est au centre des contestations, avec des scrutins électoraux continuellement émaillés de contestations et de soupçons de fraude. Cette situation met en évidence les enjeux cruciaux auxquels le Togo est confronté dans sa quête de consolidation démocratique et de stabilité politique.

En somme, la visite de la délégation de la Cedeao revêt une importance capitale dans la mesure où elle incarne une opportunité de dialogue constructif et de médiation, visant à apaiser les tensions politiques et à favoriser un processus électoral transparent et inclusif au Togo.

Saidicus Leberger

Pour Radio Tankonnon