La population pousse, le régime de Faure Gnassingbé résiste. Entre les deux, le cercle vicieux manifestations-répression.
La population de certaines villes de l'intérieur du pays a manifesté ce mercredi pour demander le retour à la Constitution de 1992. C'est ce qu'indiquent des témoins cités par l'agence de presse panafricaine Panapress. Des habitants de la ville de Tchamba, dans le centre du pays, sont ainsi sortis malgré les intimidations des forces de sécurité et des responsables administratifs de la ville. Outre Tchamba dans la région centrale, une forte mobilisation a été notée dans les villes de la région maritime, dans le sud-est du pays, notamment Vogan, Afagnan, Ahépé et Aného.
Les populations de l'intérieur, en plus des raisons politiques, dénoncent « l'extrême pauvreté » dans laquelle elles survivent, accusant le pouvoir en place de manque d'actions d'envergure pour améliorer leurs conditions de vie. Ce mercredi, des manifestants ont été réprimés à Sokodé et à Bafilo, dans le centre du pays. C'est le lieu d'où expliquer que les populations de l'intérieur du pays ont souvent été intimidées par les autorités locales promptes à étouffer toutes les velléités de contestations. Mais, depuis août, elles n'ont pas cessé de sortir dans la rue et de revendiquer leurs droits à la liberté, malgré les mises en garde.
Au-delà des droits, les manifestants souhaitent le départ du président Faure Gnassingbé. Ils ont ainsi, lors de la deuxième journée des manifestations pour le retour à la Constitution de 1992, tenu un meeting qui a ponctué leur marche de ce mercredi à Lomé. Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais, a ainsi appelé la population à plus de mobilisation pour faire partir le régime de Faure Gnassingbé. « Démission, Faure Gnassingbé, démission. Pas question de vous laisser terminer votre mandat en 2020 », ont ainsi crié les manifestants prêts à poursuivre les mouvements engagés depuis le début de cette semaine. Abordant la question du dialogue avec le pouvoir en place, il a été formel : « Si nous allons au dialogue, ce sera pour négocier les intérêts des populations », sans autres commentaires. Comme mardi, lors de la première journée, ils étaient des milliers à sillonner les rues de la capitale, arborant des tee-shirts à l'effigie des partis de la coalition de l'opposition ayant appelé aux manifestations. Malgré cela, la ville était calme alors que plusieurs commerces avaient baissé leurs rideaux.
Le Togo, depuis août dernier, traverse une crise politique profonde née de la non-mise en œuvre des réformes politiques, la révision du cadre électoral et le déverrouillage des institutions de la République. D'août à novembre, au moins une quinzaine de morts dans le pays ont été enregistrées, ainsi que des blessés et plusieurs arrestations. Les mesures d'apaisement et l'appel au dialogue lancés lundi soir par le chef de l'État, Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis la mort de son père, Eyadema Gnassingbé en 2005, n'ont pas atténué l'ardeur des manifestants et des partis politiques de l'opposition. Plus que jamais, le Togo est dans l'incertitude.